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De Bloomsbury en passant par Court green...
19 septembre 2008

Sur le tombeau des rois Tchèques

SUR LE TOMBEAU DES ROIS TCHÈQUES

La honte au cœur, à ne rien dire ici dans le silence des agathes,
ah, précieuses pierres de Bohême !
L’arme fidèle qui repose pourtant si proche
n’était pas de notre côté !

La rosée mouille fleurs et feuilles,
encore endormie dans les boutons de roses,
c’est ainsi que le sang toujours tache l’épée, la fine lance 
et le gantelet.

Prier ? Oui, mais que l’épée brille
dans de pareilles mains dégainée !
Seules les femmes pourront avoir les mains vides.
Et même pas les femmes !

Les heures s’en vont, mais notre temps est en retard
sur les tours de la Renaissance.
Cette fois le doigt de l’histoire n’a pas tracé sur le mur
le signe frais.

Ici quand le sang est sec, il prend feu :
toi qu’on humilie, ne désespère pas !
Seules les femmes pourront avoir les mains vides.
Non, même pas les femmes !

Dès lors joindre les mains pour une pitoyable prière
et endurer la honte ?
Seuls les enfants pourront avoir les mains vides.
Non, même pas les enfants !

Sonnets de Prague, de jaroslaw Seifert chez SEGHERS/AUTOUR DU MONDE. Traduit par Dominique Grandmont.

Écrit au lendemain des accords de Munich, Sur le tombeau des rois Tchèques a été publié dans les « Lettres Françaises » à l’automne 1968. Sur la demande d’Aragon, Le château de Prague a été publié pour la première fois dans les « les lettres françaises » en février 1969.

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