La paresse comme vérité effective de l'homme
C’est la curiosité qui m’a poussé ce soir à rouvrir ce livre que j’avais oublié. Le froid donne des envies de paresse… et tant mieux pour moi, je suis en week-end ce soir ! J’ai donc relu ce petit livre de Kazimir Malevitch, écrit en 1921. L’auteur (peintre de renom) est le chef de l’Ounovis, première école consacrée à l’art moderne. Il n’est pas ici dans son rôle de peintre mais plutôt dans celui de « transmetteur de vérités ». Il se rapprochera dans l’année 20 des membres du Bauhaus Allemand, et connaîtra par la suite une certaine disgrâce dans son pays. Ce petit texte semble avoir été écrit en un seul jet. Il fait parti des nombreuses notes qui faisaient la base des leçons du maître.
Carré noir sur fond blanc 1915
La paresse comme vérité effective de l’homme On y lit des petites choses comme ça : Et comme ça : Etc… Première page. La paresse comme vérité effective de l’homme, de Kazimir Malevitch, traduit du russe par Régis Gayraud, éditions allia. Les photos viennent de la recherche google.
de Kazimir Malevitch
… Ainsi, donc, tout ce qu’il y a de vivant tend à la paresse. D’autre part, la paresse et l’aiguillon principal pour le travail, car c’est seulement par le travail qu’on peut l’atteindre, ainsi est-il évident que l’homme est tombé, avec le travail, sous le coup d’une sorte de malédiction, comme si auparavant, il se trouvait constamment en état de paresse…
… Chaque vérité porte en elle le travail comme moyen d’atteindre la paresse, cela n’apparaît clairement ni au peuple, ni à l’État, de sorte qu’une vérité installée cherche toujours à détruire une vérité nouvelle. Mais celle-ci est difficile à extirper, car il est difficile d’attraper une goutte d’eau dans la mer. Si la mer tout entière était neuve, ou si le peuple découvrait l’idée d’un seul coup, il serait simple alors de déceler cette idée et de la détruire. Mais comme une idée est toujours une goutte d’eau, il est difficile, impossible de s’en saisir…
J’ai bien aimé ce petit traité, dans un style rapide, concis, qui mériterait d’être clamé devant un auditoire (ce pour quoi il a été écrit). Ce serait certainement très intéressant.
J’ai toujours ressenti une impression étrange en entendant ou en lisant des propos réprobateurs sur la paresse avérée de tel ou tel, membre du gouvernement ou simple parent. « La paresse est la mère de tous les vices » - c’est ainsi qu’on a stigmatisé, que l’humanité entière, toutes nations confondues, a stigmatisé cette activité particulière de l’homme. Cette accusation portée contre la paresse m’a toujours semblé injuste. Pourquoi le travail est-il à ce point exalté, porté sur le trône de la gloire et des louanges, quand la paresse est clouée au pilori, pourquoi les paresseux dans leur ensemble sont-ils couverts d’opprobre, marqué du sceau de l’infamie, du sceau de la mère paresse, quand le moindre travailleur est voué à la gloire,