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De Bloomsbury en passant par Court green...
20 juin 2009

Ábel dans la forêt profonde, Áron Tamasi

Ábel dans la forêt profonde
de Áron Tamasi,
traduit du hongrois par Agnès Járfás

aron_foret_profonde_dos_tamasi

Ábel a 15 ans, il vit avec sa mère et son père. Un jour, ce dernier rentre du travail, et lui apprend qu’il lui a trouvé du travail. Dès le lendemain, ils se mettent en route, accompagnés de deux poules, un chat et une chèvre. Ábel devra surveiller et vendre un stock de bois appartenant à un groupe de riches propriétaires. Commence alors, sa nouvelle vie, avec ses durs apprentissages : la solitude, les longues soirées, la peur de la nuit, le quotidien qui dépend de lui… Mais, commence aussi, la découverte de la forêt, de ses essences, de ses bruits, de ses silences sans oublier ses découvertes incongrues.
Ábel est un garçon débrouillard, qui a du répondant et du bagou, aussi, il se fait rapidement des amis. Sa vie s’organise, entre son travail, ses animaux à qui il faut ajouter un chien, les affaires marchent très bien (si ce n’est quelques coups malhonnêtes), tout va pour le mieux jusqu’au jour où…

Je ne vous en dirai pas plus !!

Ce livre est magnifique, jovial, les jeux de mots, d’humour sont excellents. Il se savoure, il fait du bien, il est rare. Le style est très beau. C’est un très joli voyage au fin fond de la forêt profonde. J’ai hâte que les deux autres livres soient traduits… J’ai découvert ce livre grâce à mon amie Valérie qui est libraire, elle m’a dit qu’elle avait un livre dans le genre de la Ravine, vous n’imaginez ma joie. Après l’avoir lu, je vous dirai que ce n’est pas la Ravine, ce n’est pas la même poésie, mais c’est tout aussi incroyable, quel talent !!

En plus d’être très intéressant, je le trouve très beau, c’est pourquoi j’ai mis les couvertures complètes. Je ne sais pas vraiment si c’est mon exemplaire, mais l’encre est légèrement en relief, ce qui donne une impression très agréable lorsqu’on caresse la couverture. Mais, je n’en suis pas sûre, car j’ai essayé avec les livres de la pile chez ma copine, et un seul était comme le mien. Mais bon, le braille fait que j’ai le bout des doigts plus sensibles, alors, je délire peut-être complètement ;o)

Áron Tamasi (1897-1966) a écrit cette histoire en feuilleton dans un journal de Brasov, « Ábel » est publié en 1932 chez Erdélyi Szepmives. Il connaît un succès immédiat. Il est suivi de deux autres volumes plus anecdotiques (paraît-il !!) et rocambolesques. « Ábel dans le pays » et « Ábel en Amérique ». Ils ne sont pas encore traduits en français. Thierry Sartoretti dans la préface, explique que la première traduction de ce livre a été faite en 1944 en Suisse, mais elle s’est perdue dans le chao de la guerre. « Il a fallu  attendre plus de 50 ans pour que ce récit extraordinaire ressurgisse des forêts de Hargita dans une nouvelle traduction plus fidèle au texte originel ».

La note d’Agnès Járfás est très intéressante, car elle explique les problèmes qu’elle a rencontrés. « J’espère avoir aboli l’obstacle de la langue d’origine tout en préservant les traits caractéristiques de cette prose chatoyante. Mon désir était de faire de la langue française le révélateur d’un univers aujourd’hui disparu, chargé de beautés et de drames. » Et moi, je répondrais bravo.

Première page
En cette mémorable année 1920, autrement dit un an après que les Roumains nous eurent pris en main, nous les Sicules, ma vie prit également un formidable tournant. Je m’appelais encore et toujours Ábel, et nous habitions à Csíkcsicón ce grand village de cultivateurs de choux, dans le canton de Felcsík, tout près des eaux de l’Olt.

À cette époque, mon père, qui s’appelait Gergely, était encore en vie. Il était garde de la forêt domaniale. Il habitait là-haut, dans la forêt, seul dans une cabane, et il ne rentrait que lorsqu’il avait épuisé ses vivres. Ma mère remplissait alors de nouveau sa musette, il regagnait son logis forestier, et nous ne le revoyions pas pendant au moins une semaine.

Il n’y avait pas d’autre enfant à la maison que moi, et je ne m’en plaignais pas, car nous vivions dans un tel dénuement que mes parents avaient déjà le plus grand mal à m’envoyer à l’école et à me vêtir.

Ce jour qui marqua le grand tournant dans ma vie fut le lendemain de la Saint-Michel, c’est-à-dire le trente septembre. Si c’était un mercredi ou un jeudi, je ne saurais plus le dire, je me souviens cependant très bien que mon père n’était pas rentré de la forêt depuis fort longtemps. Tout de suite après le déjeuner, ma mère partit, sac au dos, arracher des patates en me laissant un grand tas de blé de Turquie à égrener jusqu’à son retour, le soir.

Ábel dans la forêt profonde, de Áron Tamasi, traduit du hongrois par Agnès Járfás, préface Thierry Sartoretti. Éditions Héros-Limite Genève.

Claude

aron_foret_profonde_couverture_tamasi

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Commentaires
C
Bonsoir Grand merci pour la traduction du livre de 1945. quelle chance d'avoir ce volume.<br /> <br /> à bientôt<br /> <br /> Claude
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O
Je ne saurais dire si c'était un jeudi ou un mercredi, mais je me souviens que mon père n'était pas revenu de la forêt depuis un long bout de temps. Ma mère, le repas de midi sitôt terminé, était allée au champ, munie d'un sac, pour prendre un chargementde pommmes de terre et m'avait laissé en tête-à-tête avec un vaste tas de "blé turc"en épis, que je devais éplucher avant le repas du soir.
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O
Il n'y avait pas à la maison d'autre enfant que moi, ce que je ne pouvais guère me permettre de regretter : nous étions pauvres, et c'est à peine si l'on trouvait de quoi m'habiller et m'envoyer à l'école.<br /> <br /> Un jour apporta dans ma vie un changement énorme : un trente septembre, lendemain de la Saint-Michel.
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O
C'était du vivant de mon père, nommé Grégoire, garde forestier de la commune. Il habitait dans les bois, seul dans une petite cabane, et ne venait d'ordinaire à la maison que pour y chercher des vivres. Ma mère alors remplissait sa musette, et il retournait à son habitation de sauvage, disparaissant pour huit jours au moins.
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O
Les Roumains, depuis un an, avaient occupé le pays, lorsque dans ma vie aussi se fit un grand changement. Jusque là, j'avais été le Petit Abel, le fils de Szakàllas (le Barbu) et nous habitions Csikcsicso ( c'est ce grand village, sur les bords de la rivière Olt, dans le district de Felcsik, où il y a tant de choux).
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O
je viens de commencer ce bouquin, déniché dans ma bibliothèque,(que j'avais récupéré dans celle de ma grand-mère à sa mort)une nuit d'insomnie<br /> <br /> à priori, le sujet me semblait plutôt austère, mais au bout de quelques pages, j'ai eu le sentiment d'être tombé sur un véritable écrivain, un style et surtout un personnage étonnant, celui d'abel, et des dialogues réjouissants (on peut penser à shakespeare).De plus, je possède une édition rare: celle de 1945 !
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C
Bonjour Marc,<br /> Alors, j'ai eu beaucoup de chance pour mon exemplaire.<br /> Oui, Nerrantsoula est fantastique, d'une sensibilité incroyable. <br /> Tu as de la chance de pouvoir lire, depuis quelques jours, j'ai une tonne de boulot et ceci encore pendant une semaine !! Vivement les vacances !!<br /> bonne journée<br /> claude
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M
non la couverture est normale<br /> sauf les lettres du titre qui ont sous le doigt une légère boursouflure<br /> mais pas les dessins<br /> j'ai quasiment fini nerrantsoula ! = majestueux !
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C
Oui, je suis d'accord avec toi. La forêt d'Essenine, c'est de la poésie pure, c'est une forêt que nul ne connaît si ce n'est dans son coeur. Les mots y sont si justes.<br /> Dans Ábel, la forêt est plus accessoire, c'est lui qui est important, lui et ses répliques, lui et ses aventures.<br /> Quels beaux livres !<br /> <br /> Dans ton exemplaire, la couverture était-elle légèrement en relief ?<br /> <br /> bonne journée<br /> Claude
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M
je viens de finir ce livre<br /> c'est très bien écrit et l'histoire est surprenante, d'autant plus que quasi plus personne ne pourra vivre ainsi ; ça a valeur historique<br /> c'est rabelaisien et les mots d'Abel sont plus qu'intéressants<br /> mais la découverte de la forêt, de sa magie sont très en retrait par rapport à la ravine d'essenine<br /> très beau livre cependant que j'ai lu à grande vitesse<br /> merci pour cette découverte !
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C
Bonjour Dominique,<br /> Oui alors, si tu le lis tu verras c'est fin, sensible et les dialogues extras. Elle est belle la forêt profonde d'Ábel. <br /> Quant à Mário de Sá-Carneiro, je vais de découvertes en découvertes, et je le trouve vraiment très moderne pour l'époque. Mais bon, ayant enfin trouvé, Ariel de Sylvia Plath, je n'ai pas beaucoup de temps pour les autres !!! Et, je suis en train de lire un roman hongrois, je n'en dirai pas plus... haha<br /> bon dimanche<br /> Claude
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D
Un billet qui me remplit de joie car je ne connais ni l'auteur, ni le livre ,ni l'éditeur et pas bien la littérature hongroise, que du plaisir en perspective, avec les poèmes de Sa-Carneiro en sus
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De Bloomsbury en passant par Court green...
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