Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
De Bloomsbury en passant par Court green...
7 septembre 2010

Juste comme ça...

"(…) Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons.

Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sous. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prud’homme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre.

C’est la haine que l’on porte au bédouin, à l’hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète, à l'artiste. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Il est vrai que beaucoup de choses m’exaspèrent. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. (…)»

G. Flaubert, lettre à G. Sand, 12 juin 1867 (Correspondance, éd. de la Pléiade tome 5, pp. 653-654)

Cet extrait de correspondance est diffusé sur Internet en ce moment, en le lisant, je me suis dit que bien peu de choses changent au fil des siècles.

Claude

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Bonjour Claudio,<br /> <br /> Je crois qu'il y a un très grand nombre de textes des siècles passés que nous pourrions accorder à notre époque. Je ne suis pas toujours bien sûr que nous progressions !!! Quant à Flaubert, je l'ai toujours aimé, mais en maîtrise mon directeur m'a dit de le relire pour prendre un peu exemple sur son style ;o) haha. Je faisais des phrases de quelques lignes !!! Même discours, en DEA et en Thèse. Moi têtue, moi des mauvaises habitudes... non !<br /> Je lis régulièrement ton amie L., j'aime beaucoup son blog, elle a beaucoup de talent.<br /> Tu dois avoir un mois de décembre très chargé !!<br /> à bientôt Claudio<br /> Claude
Répondre
C
Comme j'aime ce billet. Oui, ce qu'écrit Flaubert s'accorde encore très (trop) bien à notre époque. Je me suis intéressé à Flaubert à cette période de ma vie où je découvrais l'astrologie. Le lien ésotérique qui m'unit à l'écrivain français (nous sommes tous les deux natifs du sagittaire) s'exulte ici en ce sens que cette lettre à George Sand est de la même substance, de la même amitié que celles que j'envoie presque quotidiennement à ma très grande amie L.(qui est également femme de lettre) et que je considère tendrement comme MA George Sand, et ce pour une quantité considérable de raisons. <br /> <br /> En post-scriptum, il faut savoir que l'écrivain français qui est né la même date que moi est Alfred Musset. <br /> <br /> On n'a pas fini les correspondances! <br /> <br /> Bonne journée à toi!<br /> Claudio
Répondre
C
Bonjour Dominique,<br /> oui, j'ai eu le même sentiment en le découvrant, c'est pourquoi je l'ai publié.<br /> ça fait un peu peur toute cette bêtise entretenue au fil des siècles !<br /> bonne journée<br /> claude
Répondre
D
Je suis épatée par cet extrait, c'est vraiment excellent et c'est bien fait pour montrer l'ancienneté de cet ostracisme ridicule. Rien ne change effectivement <br /> Vivre indigné voilà un beau programme
Répondre
De Bloomsbury en passant par Court green...
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité