Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
De Bloomsbury en passant par Court green...
1 avril 2012

Dialogue avec mon jardinier

Dialogue avec mon jardinier
d’Henri Cueco
par la compagnie « l’Échappée Belle »

 

Il y a deux semaines, je suis allée au théâtre voir « Dialogue avec mon jardinier », tiré du livre d’Henri Cueco. Je connaissais le film, je l’avais plus ou moins apprécié. Par contre, j’ai adoré la pièce.
Un peintre et son jardinier se retrouve quotidiennement quand le premier est dans sa maison de campagne. Le peintre est renommé, cultivé, quant au jardinier, c’est son jardin qu’il cultive.
Au fil des conversations, des liens étroits se tissent entre les deux hommes. Chacun expose sa philosophie de vie à travers leurs conversations.  L’art, l’amour, les vacances, le jardin, le temps qui passe, la maladie, la mort… tout est abordé, et chacun donne son point de vue. Ils s’écoutent, respectent la pensée de l’autre, ripostent, répondent, veulent aller ou pousser l’autre à aller plus loin, mais toujours avec beaucoup d’humilité, jamais avec moquerie, grave et gai à la fois.

J’ai vraiment aimé ce spectacle, il est plein fait du bien, donne de l’espoir, il est plein d’amour. Les deux comédiens : Didier Marin et Pierre Ouzonian sont restés fidèles au texte. Ils disent en avoir interprété environ 70 %. Ils ne sont pas tombés dans la caricature, j’en avais un peu peur en fait, le jeu est épuré et les silences respectés.
Après le spectacle, j’ai lu le livre, et, j’ai passé un très beau moment de partage et d’amitié.

 

Pages 32-33-34

- Dis, je voulais te demander quelque chose qui me turlupine. Ça sert à quoi, ça? C'est pour faire beau, d'accord, mais c'est pour mettre où?... Je me demande, moi. Il faut de la place pour mettre un grand machin pareil et il faut du recul pour le regarder. Il faut une maison appropriée, bien chauffée et tout. Ça peut pas être n'importe qui. Il faut être spécial. Il regarde, tête penchée. C'est beau... Enfin, si on veut. C'est affaire de goût... Y en a qui trouveraient ça beau. Moi, je peux pas dire, à force de te voir faire je commence à trouver ça beau, mais me demande pas de dire pourquoi. Comme ça sert pas à grand-chose et que c'est beaucoup de travail, je me suis dit : « Faut bien que ça soit beau... » Beau?... Je sais pas bien te dire... Il réfléchit. C'est que ça fait plaisir à voir. Je pense pas dire plus. Ça fait bien quand on regarde les couleurs. Je sais mieux dire ce qui est pas beau, comme le type qui s'est fait cou­per per en morceaux par le train, hier. Tu l'as pas su? Le train de 13 h 40, celui qui vient de Paris, arrive juste un peu avant le rapide qui va vers Paris. Enfin, ils se croisent en gare. Et le rapide s'arrête pas. Y a un type qui a sauté du train de Paris à contre-voie et qui s'est fait cho­per par le rapide. Ça a pas fait un pli, ça l'a broyé, on en a trouvé jusqu'au passage à niveau vers l'usine des paillassons. Ça, c'était pas beau à voir. Non, c'était pas beau. Le pauvre gars, ça l'avait bien arrangé... Enfin, y a pas de com­paraison possible. C'est les mêmes mots pour parler de choses qui n'ont rien à voir. Hein...

Le pauvre gars... Mais une peinture, c'est pas pareil que ce qui est en vrai. C'est comment c'est fait qui compte. Je sais pas te dire. C'est toi le professeur, c'est pas moi. Moi, je me contente de te regarder faire... Par contre, tiens, regarde, moi aussi j'en fais, du beau. Regarde un peu celle-là.

- C'est quoi, ça?
- Une salade.
- Ça, une salade?

Il rit.

- Tu vois, y a pas que toi qui fais des belles choses. Ça, c'est mon travail.
- Ah, elle est belle !
- Elle est pour toi, je te la donne. J'en ai un plein carreau, je peux pas toute la manger, et la semaine prochaine elle va monter.
- Merci.
- Je te la pose là.
- Elle est vraiment belle.
- Ce qui est beau, c'est ce qui fait plaisir à voir, voilà, c'est simple... Mais bien sûr, toi, c'est plus compliqué qu'une salade, peut-être.
- C'est peut-être pas aussi beau.
- Moi, je trouve que c'est plus beau que la salade, même si on sait pas pourquoi. La salade, c'est parce qu'elle est blanche, parce qu'il y a du rendement. Tandis que ton truc, là...

Un long temps.

- Je vais à la soupe. A demain. Porte toi bien.
- Merci encore pour la salade.

 Dialogue avec mon jardinier d’Henri Cueco. Éd. Points.

 Théâtre :

Cie l’Echappée Belle
40 rue Origet
37000 Tours
www.cie-echappeebelle.fr

Claude

l'échappée belle _ dialogue avec mon jardinier

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Oui, complètement !!!<br /> <br /> à bientôt<br /> <br /> Claude
Répondre
D
Nous étions sur la même longueur d'onde on dirait :-)
Répondre
De Bloomsbury en passant par Court green...
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité