Édith Södergran
Édith Södergran
Poétesse finlandaise, Édith Södergran est née en 1892. Sa vie est une suite d’événements tragiques : maladie, pauvreté extrême... En 1908, elle contacte la tuberculose (son père en était décédé en 1907). Elle a terriblement souffert jusqu’à sa mort, survenu en 1923, à l’âge de 31 ans. Les dernières années de sa vie, elle s’est tournée vers la religion, et n’écrira pratiquement plus.
Sa poésie reflète sa rage de vivre, son exaltation, son regard sur le monde qui l’entoure. C’est un monde de beauté qu’elle nous livre, la nature y a une place très importante.
Elle écrivait en allemand.
Je n’ai pas de recueil, je compte toutefois bientôt me procurer : « Édith Södergran, le pays qui n’est pas et poèmes » aux éditions la Différence. J’ai relevé les poèmes qui suivent sur internet.
Claude
Rien
Ne t'inquiète pas, mon enfant, il n'y a rien,
tout est comme tu vois : la forêt, la fumée, la fuite des rails.
Quelque part, là-bas, dans un pays lointain,
il y a un ciel plus bleu et un mur couronné de roses
ou un palmier et un vent plus doux -
et c'est tout.
Il n'y a rien que la neige sur la branche du sapin,
il n'y a rien à baiser de ses lèvres chaudes,
toutes les lèvres deviennent froides, avec le temps.
Mais tu dis, mon enfant, que ton cœur est fort
et que vivre pour rien, c'est pire que mourir.
Que lui voulais-tu à la mort ?
Ne sens-tu pas le dégoût que dégagent ses frusques ?
Rien n'est plus écœurant que de mourir de sa propre main.
Comme ces courts instants où fleurit le désert,
nous devons aimer les longues heures de maladie de la vie
et les années contraintes où se concentre le désir.
Le pays qui n'est pas et Poèmes © Orphée, La Différence 1992, p.143, traductions Carl Gustaf Bjurström et Lucie Albertini, en version bilingue.
Les arbres de mon enfance
Les arbres de mon enfance se dressent haut dans l'herbe,
Ils hochent la tête qu'es-tu devenue ?
Leurs colonnades se dressent comme des reproches
tu n'es pas digne de passer à nos pieds
Tu es une enfant, tu dois tout pouvoir,
pourquoi laisses-tu la maladie t'enchaîner ?
Tu es devenue femme, haïssable étrangère.
Enfant, tu tenais avec nous de longues conversations,
ton regard était sage.
Nous voudrions maintenant te dire le secret de ta vie
la clef de tous les secrets se trouve
dans l'herbe de la butte sous les framboisiers.
Endormie, nous voudrions te cogner au front,
morte, nous voudrions te réveiller de ton sommeil.
(Traduction Carl Gustav Bjurström et Lucie Albertini, éditions
Orphée La différence)