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De Bloomsbury en passant par Court green...
25 avril 2014

Les cernes du temps d'Álex Susanna

JARDINS

On dirait que la vie s'écoule plus facilement
dans ces jardins à l'intimité préservée :
des taches d'herbe humide forment une île
verte au milieu des embarras de la ville ;
soleil et pluie les ont baignés année après année ;
elles sont maintenant un manteau de velours
sur lequel tout semble devoir glisser,
délice suave, à l'ombre de grands arbres,
parfaites sentinelles de leur propre bien-être.

Mais jamais nous ne pouvons y accéder,
nous ne les voyons que de la grille
qui les sépare du dehors.
Ils nous sont étrangers, d'emblée nous les croyons
paradis privés d'êtres plus chanceux.
À force de les voir toujours déserts, intacts,
  resplendissants,
un jour, pourtant, nous comprenons que, loin d'être habités,
les paradis ne sont faits que pour être convoités :
par contre y marcher ce serait les détruire.
(page 23)

 

JARDINS

Sembla com si la vida llisqués més fàcilment
en aquests jardins de preservada intimitat:
claps d'humida gespa formen una illa
de verdor en ple traüt de la ciutat;
sol i pluja els han banyat anys i més anys
i són ara un vellutat mantell
per on sembla que tot hagi de lliscar
amb suau delícia, a l'ombra de grans arbres,
perfectes sentinelles d'aquest seu benésser.

Peró mai no ens és donat d'accedir-hi
i veiem sempre aquests jardins
des de la tanca que els separa de fora:
aliens a nosaltres, de primer creiem que són
paradisos privats d'éssers més venturosos.
A força de veure'ls sempre deserts, intactes
  i esplendents,
algun dia entenem, peró, que, lluny d'habitar-se,
els paradisos són per ser sols cobejats:
petjar-los, en canvi, fóra destruir-los a l'acte.
(page 22)

 

ÉTAPES
À Pere Navarro

Dangereuses étapes
sont ces jours durant lesquels,
comme un oiseau de proie en furie,
la vie nous arrache
au courant quotidien du temps
et nous emporte dans le ciel
vers les cimes les plus âpres,
pour nous montrer ce que
de nous elle peut faire.

Cruellement trahis, malgré tout,
nous sommes rejetés, soudain,
vers le royaume de chaque jour,
et nous assistons, plus que jamais désarmés,
à notre progressive déchéance,
tandis que de façon absurde nous nous évertuons
à battre des ailes
alors qu'on nous les a coupées.
(page 29)

FITES
A Pere Navarro

Perilloses fites
són aquests dies en què,
furient com una au rapaç,
la vida ens arrabassa
del diari corrent del temps
i se'ns endú cel enllà,
cap als seus més rostos cims,
per mostrar-nos alló
que de nosaltres pot fer.

Cruelment traïts, peró,
ens veiem de sobte foragitats
al reialme de cada dia,
i assistim, més desvalguts que mai,
al nostre progressiu decaïment,
mentre absurdament pugnem
per batre unes ales
que ens han estat tallades.
(page 28)

 Les cernes du temps, d’Álex Susanna, traduits du catalan par Jep Gouzy. Éd. Fédérop –édition bilingue-

Je ne connaissais pas Álex Susanna (poète et chroniqueur Catalan), ce recueil est très beau, des mots simples qui mis bout à bout vous emmènent si loin…
J’ai la chance d’avoir une médiathèque riche en poésie, et c’est une ouverture incroyable sur le monde. Il en est de même en ce qui concerne le théâtre.

Claude

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Commentaires
J
Merci Colo, c'est gentil. Il faut que ça passe. à bientôt<br /> <br /> claude
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C
Oh, je suis bien désolée d'apprendre que tu souffres Claude! Prends soin de toi et bon rétablissement.
Répondre
J
Bonjour Colo, pfff j'ai eu quelques soucis, rien de grave, une hernie discale qui avait besoin de médicaments un peu plus fort pour me laisser un peu tranquille en attendant la prochaine étape... enfin, ça va mieux, la preuve me revoilà. J'ai fini de lire le recueil D'Alex Suzanna, il est vraiment agréable du début à la fin, plein d'émotions. Un vrai plaisir. J'aimerai tant être comme toi et pouvoir traduire, mais je bloque complètement sur les langues, j'ai essayé plusieurs fois, je suis une vraie catastrophe. <br /> <br /> à tout bientôt<br /> <br /> Claude<br /> <br /> <br /> <br /> Bonsoir Tania, c'est un poète ;o) J'aime beaucoup les éditions bilingues même si je comprends pas ce qui est écrit, je trouve très beau de lire dans une langue que je ne comprends pas, ça donne des choses assez caustiques des fois !!!. Comme je le disais à Colo, j'aimerai bien avoir un don pour les langues... mais bon... chacun son truc ;o)<br /> <br /> à bientôt<br /> <br /> Claude<br /> <br /> <br /> <br /> Merci à vous deux de votre visite
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C
Bonjour, enfin rebonjour Claude, je t'ai laissé deux messages et qui se sont sans doute envolés...! Je te disais que je ne connaissais pas non plus ce poète, que j'allais faire des recherches car je comprends très bine le cataln même si je le parle peu, hélas.<br /> <br /> Grand merci, bonne semaine!
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T
Deux beaux poèmes, d'une poétesse que je ne connais pas - précieuses, ces éditions bilingues. Le premier fait rêver, le second prend à la gorge.
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C
Bonjour Claude, je ne connaissais pas ce poète catalan et j'ai pris grand plaisir à le lire dans sa langue que je ne parle pas parfaitement mais comprends très bien.<br /> <br /> Je partage ton horreur pour les pelouses, la nature trop ordonnée; j'aime le mouvement, le changement, la surprise d'arrivée de nouvelles sortes...<br /> <br /> Convoiter des paradis...<br /> <br /> Bonne journée , à bientôt!
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J
Bonjour Séraphine, bienvenue ! J'ai un jardin et un potager, avec un poulailler, bientôt deux ruches, j'essaie peu à peu de me mettre à la permaculture, vous savez pour avoir ce genre de jardin touffu. Je n'aime pas les pelouses toutes proprettes ! Pour moi aussi, le jardin et le potager sont des lieux de respiration, de pauses, de lecture, d'observation. Et de bavardage ;o)<br /> <br /> À bientôt<br /> <br /> Claude
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B
A propos du premier poème sur les jardins, oui, ce sont des espaces préservés du temps, qui permettent de retrouver le souffle normal de la vie, celui de la poésie.
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De Bloomsbury en passant par Court green...
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