Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
De Bloomsbury en passant par Court green...
21 février 2015

La véritable histoire de Matías BranTome I : Les

La véritable histoire de Matías Bran
Tome I : Les usines Weiser
d’Isabel Alba

Les usines Weiser, est le premier livret de la trilogie « La véritable histoire de Matías Bran, d’Isabel Alba. C’est son second roman.

Tout débute en 2010, dans l’appartement de Matías Bran, il est là, dans son fauteuil assit, un révolver à la main. Sur sa table de nuit, se trouve son dernier cahier de notes, c’est le 53ème. Page 10. Matías Bran est électricien. Il a passé la majeure partie de sa vie à tendre des câbles et à installer des sources de lumière. Matías Bran aime la lumière et déteste les ombres. L’outil de travail de son grand-père était une lampe qui dessinait de faibles faisceaux dans l’obscurité. Le grand-père de Matías Bran était ouvreur de cinéma.

Matías Bran a regardé les choses passer sur l’écran de sa vie. Il a réagi devant elles avec une émotion contenue ; de marbre, en apparence, et sans jamais quitter son fauteuil. Son père, lui, s’était levé de son fauteuil.

S’il décide de se suicider, la valise cachée dans le volet de sa fenêtre sera-t-elle retrouvée ? Cette valise qu’il n’a jamais ouverte. Elle appartenait à son grand-père, puis à son père. Elle renferme les clés de l’histoire, celle de sa famille et celle qui a soulevé l’Europe depuis le début du 20ème siècle.

Le premier livre, « l’usine Weiser » se déroule en Hongrie, de 1898 à 1920. Une famille pauvre, les Brasz, s’installe à Budapest après la mort du père. Il y a Anna, la mère, Örste la fille et Miklós le fils.
Ils s’installent dans un quartier ouvrier, ils travaillent à l’usine Weiser, dès qu’ils sont en âge de le faire. Le quartier est organisé. Certains savent l’importance qu’il y a à ce que chacun sache lire, écrire, pour se défendre. Aussi, celui qui sait lire, l’apprend à un autre, qui l’apprendra à d’autres etc. Si un malheur arrive à une famille le quartier se mobilise, même si la plupart n’a pas de quoi vivre, personne n’est abandonné. Il y a une véritable entraide.

Les gens vivent dans une très grande pauvreté, avec des conditions de vie déplorables, ils travaillent beaucoup, gagnent peu, et n’ont pas de quoi nourrir leurs familles. Cela sera pire encore, quand la première guerre mondiale éclatera. Ceux qui ne veulent pas partir sont assassinés, ceux qui partent le sont aussi, sur le front. Pour le petit nombre qui reviendra, la vie n’aura plus le même sens, et pour certain plus de sens du tout. Cette guerre fait ressortir le meilleur des hommes comme le pire. Page 135. À la fin du mois de novembre 1916 un groupe de déserteurs hongrois, russes et tchèques qui se cachaient dans une zone boisée aux alentours de Dubivci prirent un village d’assaut. Ils saccagèrent les maisons, embrasèrent les champs et assassinèrent des femmes et des enfants. Lorsque quelques jours plus tard trois compagnies austro-hongroises arrivèrent au village, Sonya Tujachevski, quarante-deux ans, qui était une des survivantes, assura avoir reconnu parmi les agresseurs le soldat Frenc Sarmasághy. Elle affirma l’avoir connu à Ternopil, où le soldat Frenc Sarmasághy avait eu deux permissions, l’une d’elles croyait-elle se souvenir, à l’automne 1915. En ce temps-là, Sonya Tujachvski se prostituait à Ternopil. Le commandement austro-hongrois, tenant compte du dossier irréprochable du soldat Frenc Sarmasághy et de la profession de Sonya Tujachvski, jugèrent son témoignage peu crédible.

Nous suivons les gens du quartier sur le front, mais nous découvrons en parallèle, la vie de celles et ceux qui sont restés.

Puis, arrive la révolution d’octobre, Örste, Micklos et leurs amis y participent activement. Örste écrit des discours qu’elle présente aux ouvriers. « Si vous partez, le contremaître nous fera travailler encore plus d’heures, nous, les femmes, pour fabriquer les balles avec lesquelles vous tuerez les hommes des ouvrières russes qui travaillent nuit et jour, sans répit, pour fabriquer les balles avec lesquelles leurs hommes vous tueront, vous. » Nous les suivons pas à pas, nous découvrons avec eux cette révolution peu connue (en tout cas par moi !) Le massacre des ouvriers, les quatre mois et treize jours, 133 jours, pendant lesquels les ouvriers ont crus avoir gagné.

Page 322.
Quelques jours.
Quelques mois.

Quatre mois.
Treize jours.

Centre trente-trois jours.

En Hongrie.

Le compte à rebours a commencé.

133 – Le Parlement de Pest projette des reflets irisés sur les eaux du Danube.

132 – Les tramways, fraîchement peints en rouge, sillonnent à toute allure les rues de Budapest.

131 – Le gouvernement hongrois nationalise la banque.

…/...

125 – le gouvernement hongrois socialise les mines, les Conseils de mineurs les dirigent.

…/…

122 – Proclamation du droit de vote pour tous les travailleurs, hommes et femmes de plus de 18 ans.

…/…
Mais le rêve est de courte durée, les représailles sont terribles. Tous y laisseront leur vie, que ce soit au propre comme au figuré.

 

Ce livre est incroyable. Les styles sont rapides, fluides. Je dis les styles, car l’auteure a le génie de faire se succéder différents procédés d’écriture pour justement donner ce rythme. Elle peut utiliser la narration comme l’énumération ou les dialogues comme au théâtre, etc. ça fonctionne très bien. Elle déplace et multiplie les points de vue, elle fait se côtoyer des personnages fictifs et réels. La mise en page choisie par les éditions « la contre allée » est, je pense à prendre aussi en considération dans le rythme du livre, enfin, ceci comme l’article est complètement personnel ! Il ne faut pas non plus négliger les passages des cahiers de notes de Matías Bran qui sont habilement insérés dans le roman.
Page 93.

blabla

                       

C’est passionnant, j’ai été prise par l’histoire des personnages, et par l’histoire avec un grand H. J’ai appris  énormément de choses sur les luttes révolutionnaires qui ont agité l’Europe après la Première Guerre mondiale.

J’attends avec une grande impatience le second volet et la suite de la vie de Micklos.

Claude 

« Le meilleur moyen de lutter contre l’oubli c’est de raconter, convoquer le souvenir et décider de le transmettre. » Isabel Alba.

 

La véritable histoire de Matías Bran, Tome I : Les usines Weiser, d’Isabel Alba, traduit de l’espagnol par Michelle Ortuno. Ed. LA CONTRE ALLEE.

 

IMG_002

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Bonsoir, en plus c'est très très bien écrit ! Je me dis que dans l'un des deux prochains tomes, elle parlera de l'Espagne Franquiste, peut-être avec le fils de Miklos Brasz !!! <br /> <br /> à bientôt. Claude
Répondre
P
ça a l'air passionant, merci d'avoir attiré mon attention sur ce livre! C'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de livres (encore moins traduits) à évoquer la révolution de 1919. Je serai moi aussi curieuse de connaitre la suite du parcours de cette famille.
Répondre
De Bloomsbury en passant par Court green...
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité