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De Bloomsbury en passant par Court green...
24 novembre 2016

Tout ce que je suis d’Anna Funder Ils étaient 5

Tout ce que je suis
d’Anna Funder

Ils étaient 5 amis : Ruth, une photographe mariée à Hans, un journaliste, Dora, sa cousine militante vivant avec Ersnt Toller, un écrivain, et leur ami Bertold Jacob, également écrivain. 

Tous, ils ont décidé de combattre la guerre, et luttent à coup de tracts, de débats, d’articles, de pièces de théâtre… contre la montée d’Hitler. Aussi, en 1933 avec son avènement au pouvoir, ils sont contraints de quitter l’Allemagne pour Londres. C’est de là-bas, qu’ils vont essayer d’alerter le monde de la menace qui pèse sur l’Europe.

Nous sommes au cœur des années folles, les gens n’y croient pas, ils sortent de la guerre et ne veulent pas voir l’intolérable recommencer.

Dora Fabian aurait d’ailleurs déclaré à ce sujet : « Le meilleur atout des agents nazis, c’est que personne, ni parmi la police, ni parmi nos amis, ne peut croire une seule seconde, que quelqu’un puisse faire ce que nous avons la preuve qu’ils font. »
    Au milieu de cette indifférence, ils crient, écrivent, pleurent leurs amis disparus.

Ruth, Hans et Ersnt sont les premiers à partir à Londres d’où ils essaient de sauver leurs amis restés au pays. Dora qui est restée en Allemagne pour essayer de sauver les écrits d’Ernst Toller, arrive à échapper de manière spectaculaire à la gestapo. Ce qui n’empêchera pas sa mort déguisée en suicide. page 481. Ils ont attendu que la tête de Dora tombe à son tour pour les transporter dans la chambre. Ils ont ouvert le lit et y ont couché les deux corps, qui respiraient encore. Ils ont retiré à Mathilde ses chaussures, qu'ils ont rangées soigneusement contre le mur. Les ont installées face à face, dans une ultime étreinte, ont entrelacé leurs doigts, main gauche pour Dora, main droite pour Mathilde, dans une parodie de désespoir. Puis ils ont tiré les couvertures sur elles. Comment auraient-elles pu remonter si proprement les cou­vertures jusqu'à leur tête, bon sang? Jamais on n'a vu deux per­sonnes si bien allongées, si bien mortes, sous des couvertures bordées aussi proprement.

Ils ont posé la clé de Dora sur l'étagère à côté de la porte et refermé derrière eux avec la leur. Ils sont passés par la cuisine pour remettre les chaises correctement sous la table. Dans un coin près de la cuisinière, un chat tigré les observait en remuant le bout de sa queue blanche. Ils sont partis en fermant derrière eux, ont ôté leurs gants et les ont rangés dans leur poche. Si jamais les voisins avaient dû les voir, cinq Allemands descendant d'une réunion dans l'appartement sous les toits, la scène n'aurait rien eu d'inédit.

J'ai toujours Toller ouvert entre mes mains. Je referme le livre.

    Beaucoup d’entre eux seront dénoncés, seuls les survivants apprendront qui est l’ami de toutes les trahisons.

    Ce roman est inspiré d’une histoire vraie. Tous ont existé, Ruth Blatt est décédée en 2001, l’auteure était une de ses amies. Les souvenirs de Ruth viennent compléter ceux de Toller, ce qui donne un rythme intéressant à ce livre. Cela nous permet aussi de découvrir le paysage politique en Europe dans les années 20-30. Au fil du livre, on découvre les différents stades de la montée du nazisme et le climat dans lequel les intellectuels et militants de gauche tentent de survivre jusque dans l’exil.

   

    Bon, ma période, « je ne sais pas quoi lire » est terminée, et je suis heureuse de l’avoir terminée avec ce livre, j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire, même si les critiques sur les blogs n’étaient pas très sympas. Je n’aime pas que l’on parle mal d’un livre, c’est pour cela que je ne mets que ceux que j’aime sur mon blog, nous avons tous des goûts tellement différents, heureusement d’ailleurs, et puis, je suis sûre que beaucoup ne lisent pas quand il y a de mauvaises critiques, alors qu’ils pourraient aimer. C’est dommage.

Claude

Première page.

QUAND HITLER ARRIVA AU POUVOIR, j'étais dans mon bain. Notre appartement donnait sur le Schiffbauerdamm, le long de la rivière, en plein cœur de Berlin. De nos fenêtres, on voyait le dôme du Parlement. Hans avait monté le volume de la TSF du salon pour l'entendre depuis la cuisine, mais seules des clameurs me parvenaient, par vagues, comme lors d'un match de football. On était lundi après-midi.

Tout ce que je suis d’Anna Funder, traduit de l’anglais (Australie) par Julie Marcot et Caroline Mathieu. Éd. Héloïse d’Ormesson.

Sans titre-1

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