Ebriété Tandis que la moisson achevait de se
Ebriété
Tandis que la moisson achevait de se gaver sur le cuivre du soleil, une alouette chantait dans la faille du grand vent sa jeunesse qui allait prendre fin.
L’aube d’automne parée de ses miroirs déchirés de coups de feu, dans trois mois retentirait.
Sous le feuillage
Frapper du regard, c’est se dessiner dans les yeux des autres, y découvrir leurs traits modifiés auprès des nôtres, mais pour ombrer notre ceinture de déserts.
Celui qui prenait les devants s’appuya contre un frêne, porta en compte la récidive de la foudre, et attendit la nuit en désirant.
Eprouvante simplicité
Mon lit est un torrent aux plages desséchées. Nulle fougère n’y cherche sa patrie. Où t’es-tu glissé tendre amour ?
Je suis partie pour longtemps. Je revins pour partir.
Plus loin, l’une des trois pierres du berceau de la source tarie disait ce seul mot gravé pour le passant : « Amie ».
J’inventai un sommeil et je bus sa verdeur sous l’empire de l’été.
Extraits de « Le Nu perdu » de René Char. Ed. Poésie/Gallimard.