LA NUIT Caresse l’horizon de la nuit, cherche le
LA NUIT
Caresse l’horizon de la nuit, cherche le cœur de jais que l’aube recouvre de chair. Il mettrait dans tes yeux des pensées innocentes, des flammes, des ailes et des verdures que le soleil n’inventa pas.
Ce n’est pas la nuit qui te manque, mais sa puissance.
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PREMIERE DU MONDE
Captive de la plaine, agonisante folle,
La lumière sur toi se cache, vois le ciel :
Il a fermé les yeux pour s’en prendre à ton rêve,
Il a fermé ta robe pour briser tes chaînes.
Devant les roues toutes nouées
Un éventail rit aux éclats.
Dans les traitres filets de l’herbe
Les routes perdent leur reflet.
Ne peux-tu donc prendre les vagues
Dont les barques sont les amandes
Dans ta paume chaude et câline
Ou dans les boucles de la tête ?
Ne peux-tu pas prendre les étoiles
Ecartelée tu leur ressembles,
Dans leur nid de feu tu demeures
Et ton éclat s’en multiplie.
De l’aube bâillonnée un seul cri veut jaillir,
Un soleil tournoyant ruisselle sous l’écorce.
Il ira se fixer sur tes paupières closes.
O douce, quand tu dors, la nuit se mêle au jour.
J’ai la beauté facile de Paul Eluard, Gallimard/Télérama.
Il y a très longtemps que je n’avais pas lu la poésie de Paul Eluard, et c’est un vrai plaisir. J’ai découvert ce petit livre à la médiathèque, il semble que ce soit une édition spéciale. J’aime tous les poèmes qui y figurent, j’aime leur musique, lorsque je les lis à haute voix, j’ai l’impression de sentir la nature se manifester. Il y a le souffle du vent, la fraîcheur de la nuit etc.
C’est un magnifique recueil.
Claude
CELLE QUI N’A PAS LA PAROLE
Les feuilles de couleur dans les arbres nocturnes
Et la liane verte et bleue qui joint le ciel aux arbres,
Le vent à la grande figure
Les épargne. Avalanche, à travers sa tête transparente
La lumière, nuée d’insectes vibre et meurt.
Miracle dévêtu, émiettement, rupture
Pour un être seul.
La plus belle inconnue
Agonise éternellement.
Etoile de son cœur aux yeux de tout le monde.
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