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De Bloomsbury en passant par Court green...
29 juillet 2019

Astrid Lindgren une Fifi Brindacier dans le

Astrid Lindgren
une Fifi Brindacier dans le siècle
de Jens Andersen

Quand ce livre est sorti en librairie, il m’a tenté car pour moi, Fifi Brindacier, c’est mes 7 ans ! puis mes 8 ans ! Et oui, petite je relisais déjà mes livres !

Et puis, moi qui râle contre les gens qui vendent leurs offices offerts par les maisons d’éditions, et bien, je ne dis plus rien et j’en profite, car ce livre, j’ai  pu l’acheter 4 € tout compris au lieu de 24 ! et il n’avait jamais été lu…

Je l’ai beaucoup apprécié, j’ai appris énormément de choses sur l’évolution de la littérature jeunesse au cours du 20ème siècle. Ceci en plus des éléments sur la vie d’Astrid Lindgren, qui fut très riche.

L’auteur reprend sa vie, par ordre chronologique en y insérant des études très pertinentes sur les livres, tels que Fifi au cirque, Emil… Et ceci, en tenant compte de l’évolution des mentalités, de la politique etc. C’est passionnant.

Pages 161-162-163. COMBIEN COÛTE UN FIANCÉ?

L'année suivante, avec « Maja trouve un fiancé » dans Landsbygdens jul en 1937, Astrid Lindgren se place dans la tête du personnage principal afin de voir le monde par les yeux d'un enfant de cinq ans. Il s'appelle Jerker et il considère, comme ses deux frères, que Maja, la bonne de la famille, est la deuxième maman la plus extraordinaire du monde. Non seulement elle prépare à manger et s'occupe des enfants, mais elle leur raconte des histoires et il émane d'elle une chaleur et une présence bien supérieures à celle de leur mère. Cette dernière est davantage préoccupée par ses devoirs d'épouse et sa position sociale, et, un jour où elle reçoit les dames comme il faut de la ville, et où l'on devise méchamment en prenant le café, Jerker les entend dire que Maja est si laide qu'elle ne trouvera jamais de fiancé.

Jerker connaît le mot « laide » et tout en lui se braque en entendant cela, car, à ses yeux, Maja représente le comble de la beauté. En revanche, Jerker ne connaît pas l'autre mot que les dames ne cessent de répéter : « fiancé ». Le garçon réfléchit et en écoutant les échanges de ces braves dames, il comprend qu'il lui faudra trouver un fiancé pour Maja. Ça coûtera ce que ça coûtera. Il vide donc sa tirelire et va à l'épicerie voisine dont le propriétaire vient de changer. En chemin, Jerker se dit: Je ne sais pas quel peut être le prix d'un fiancé, mais pour 5 ore, je devrais sûrement en trouver un très bien.

Le jeune épicier écoute attentivement Jerker qui serre sa pièce de 5 ore dans sa main et lui présente sa demande. L'attention de l'adulte réjouit Jerker, car il n'y est pas habitué:

« Il ne riait toujours pas, constata Jerker avec satisfaction.

Cela arrivait parfois que les grandes personnes commencent par se montrer tout à fait sérieuses et, soudain, alors que l'on s'y attendait le moins, elles éclataient de rire. »

L'épicier demande à Jerker, sans avoir l'air d'y toucher, pourquoi il veut acheter un fiancé. C'est pour qui? Face à cet adulte compréhensif, le garçon s'épanche sans retenue. L'épicier écoute alors avec une attention redoublée et dit que Jerker trouvera certainement un fiancé avec ses 5 öre, mais qu'il ne peut pas le rapporter lui-même. Pour ça, il faut un adulte, et le gentil épicier se propose de passer à la maison le soir même :

« "Mais je suis couché à cette heure-là", objecta Jerker, "Désolé, mais tu comprends, je ne peux pas venir avant." "C'est entendu", fit Jerker. Et il rentra chez lui, très content de lui. L'affaire était réglée, Maja aurait donc son fiancé, comme toutes les autres bonnes. »

 

Par cette charmante histoire de 1937, où les mondes respectifs des enfants et des adultes commencent par se heurter pour finir par se rejoindre, est le premier texte où Astrid Lindgren explore l’esprit d’un enfant et examine la réalité avec la logique enfantine. Et par là, c’est le niveau de ses ambitions pour les histoires destinées à la jeunesse qui s’en trouve relevé. A partir de 1939, plusieurs histoires sont  publiées dans Mors Hyllning, magazine qui paraissait chaque année à l’occasion de la fête des Mères. Les contes et les fables avec des lutions, des trolls et des animaux qui parlent ont cédé la place à des récits plus réalistes et plus contemporains, ancrés dans le quotidien des enfants de la fin des années 1930. Et ils puisaient leur source dans la proximité de l’auteure avec ce qui touchait les enfants de l’époque.

…/…

« La littérature de jeunesse est en plein changement. On commence à chercher les « bonnes » histoires, des histoires adaptées aux enfants tels qu’ils sont. La domination des adultes est en train de diminuer. […] Les auteurs d’aujourd’hui ont donc pour mission première d’introduire le milieu citadin et des emplois contemporains dans le monde créatif de l’enfant. »

Le livre est  ponctué par un grand nombre de photographies, et par des extraits de ses journaux. Page 233. « C’est très chouette d’être « écrivain ». Pour le moment, je retravaille Fifi Brindacier, si jamais on peut tirer quelque chose de cette enfant mal élevée. »

On ressent dans l’analyse du milieu dans lequel évoluait Astrid Lindgren un très grand travail de recherche de la part de l’auteur. Et ceci, rend la lecture vraiment très agréable. Fille mère, Astrid Lindgren a refusé d’épouser le père de son fils Lars, lorsque cela fut  possible. Elle assume seul son éducation, sans pour autant le priver de son père, elle trouve du travail, et se débrouille. Jusqu’au moment où elle rencontre Sture Lindgren, qu’elle épousera et avec qui elle aura une fille, karin.

Son premier grand succès, même si elle a édité auparavant, est Fifi Brindacier, elle l'a écrit pendant la seconde guerre mondiale. Ce livre avait été refusé par la plus grande maison d’éditions jeunesse de Suède, c’est une petite, Raben & Sjögren, au bord de la faillite qui accepta de l’éditer. Pari gagnant ! Par la suite, Astrid Lindgren, y travaillera à mi-temps.

En plus d’être écrivain, elle était une femme forte, indépendante, tenace, qui défendait ses idées. Elle s’est battue pour la défense des droits de la femme et de l’enfant, à partir des années 70/80, elle a beaucoup milité en faveur de l’agriculture et de l’écologie. Elle a aussi  beaucoup écrit sur la solitude de l’enfant. Tous les thèmes qu’elle défendait, se retrouve dans ses livres. Une grande dame.

Je ne la connaissais que par Fifi, et ce fut une belle découverte, et une belle lecture lors de la seconde canicule !

L’auteur a un style très agréable, et j’ai lu cette biographie comme un roman, on sent derrière le gros travail de recherches que le livre a dû demander !

Claude

Première  page

Lettres d'admirateurs à l'auteure

Au cours des années 1970, le personnel du bureau de poste au coin de Dalagatan et d'Odensgatan a commencé à être de plus en plus débordé. La faute en incombait à une vieille dame qui ressemblait à tant d'autres vieilles dames que l'on pouvait croiser dans la rue, dans le parc, à la supé­rette et à la pâtisserie du quartier de Vasastan, à Stockholm. Chaque jour, pendant des années, le facteur déposait une poignée de lettres par l'ouverture dans la porte de la vieille dame. Mais lors de ses grands anniversaires en 1977, 1987 et 1997, les facteurs ont dû sonner à l'appartement du 46 Dalagatan pour apporter des sacs de lettres et de paquets portant des timbres du monde entier. Après avoir été lu, après y avoir répondu, ce courrier considérable était rangé dans des cartons au grenier. Ces derniers ne comportaient pas seulement des cartes de vœux, des dessins d'enfants, mais aussi des lettres officielles d'hommes d'État et de têtes couronnées, et des lettres plus simples de gens qui voulaient un autographe, une aide financière ou un soutien moral pour une cause politique.

La plupart de ceux qui, au fil des ans, ont écrit à Astrid Lindgren souhaitaient avant tout exprimer spontanément leur enthousiasme et leur admiration, et profitaient de l'occasion pour lui poser une question ou deux. Mais ce courrier ne présentait pas toujours le caractère innocent de la lettre d'une classe de jardin d'enfants qui demandait si les chevaux mangeaient vraiment des glaces, ou quand Kristina de [ârfalla, âgée de neuf ans, après avoir vu un épisode de la série télévisée, cherchait à comprendre comment le papa de Fifi pouvait envoyer une bouteille à la mer alors qu'il était en prison. Il y avait des demandes d'adultes plus étranges ou intéressées: M. Karlsson, couvreur à Kalmar, demandait s'il pouvait appeler son entreprise « Karlsson sur le toit », un propriétaire forestier du Jämtland voulait savoir si l’auteure qui adorait la nature ne serait pas intéressée par quelques hectares d’une forêt de sapins, un détenu condamné à une longue peine de prison pour le meurtre de sa femme lui demandait si elle serait disposée à écrire un livre sur lui.

Astrid Lindgren, une Fifi Brindacier dans le siècle de Jens Andersen, traduit du danois et du suédois par Alain Gnaedig. Editions Gaïa.

 

Quelques mots du traducteur :

Ma position de traducteur de cette biographie d'Astrid Lindgren est particulière. En effet, j'ai échangé quelques lettres avec elle lorsque j'ai traduit les trois volumes de Fiji Brindacier, en 1994. J'ai écrit des articles sur elle, j'ai discuté avec sa fille Karin Nyman, j'ai visité l'appartement du 46 Dalagatan à Stockholm. J'ai traduit plusieurs de ses livres. C'est vrai, j'ai tissé des liens particuliers avec la personne et son œuvre. Et, comme tant de gens, j'ai une dette à l'égard de celle qui, à la fin de sa vie, était devenue la grand-mère « morale » de la Suède.

Je tiens à préciser que cette biographie est traduite du danois, mais que toutes les citations sont traduites du suédois. J'espère enfin que la lecture de cette biographie permettra de mieux connaître la personne, d'apprécier le destin singulier d'une femme suédoise emblématique du XXe siècle et, surtout, donnera envie de se plonger et de se replonger dans ses livres.

Alain Gnaedig

 

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Commentaires
J
Fifi Brindacier, est resté un livre incontournable pendant longtemps, c'est vrai que maintenant, il est un peu oublié. Mais tous ceux qui l'ont lu ne l'ont pas oublié ! <br /> <br /> Tout est dit dans l'histoire, elle est complète, c'est pour cela qu'elle est aussi belle, et cela fait aussi parti du génie d'Astrid Lindgren ;o)<br /> <br /> <br /> <br /> Astrid Lindgren m'a impressionné par son intelligence, sa précocité face à son époque, elle fait partie de ces femmes qui ont "travaillé" pour nous les femmes de 2019. <br /> <br /> Claude
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C
Oh oui, très tentant et pour moi aussi des souvenirs de jeunesse, une admiration sans borne pour cette Fifi:-))<br /> <br /> Bonne fin de semaine Claude
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P
Je n'ai jamais rien lu d'Astrid Lindgren mais je connais bien sur le nom de Fifi Brindacier (connue sous son nom anglais Pippi Longstocking par une partie de ma famille). J'apprécie beaucoup les biographies d'écrivains et celle-ci a l'air passionnante. L'histoire du fiancé est mignonne, j'espère pour toutes les personnes concernées qu'elle se termine bien!
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J
Le livre est vraiment intéressant Tania,<br /> <br /> à bientôt, Claude
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T
Ne la connaissant que de nom, j'en sais un peu plus grâce à ton billet.
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