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De Bloomsbury en passant par Court green...
5 janvier 2020

La garçonne de Victor Margueritte C’est en lisant

La garçonne
de Victor Margueritte

C’est en lisant la biographie sur Astrid Lindgrend que j’avais noté ce livre. Je ne le connaissais absolument pas. Il a été édité en 1922, et l’auteur, Victor Margueritte s'est vu radié de la légion au vu du scandale qu’il a déclenché.

Tout d’abord, j’aimerai parler de son écriture, j’ai été très surprise par sa modernité, et par le fait que ce soit un homme qui l’ait écrit. C’est tout simplement génial comme livre et le scandale qu’il provoqua, était inévitable dans les années 1920.

Une jeune femme, Monique Lerbier, 19 ans, doit épouser un homme de 35 ans, ce mariage est bien entendu arrangé par ses parents, par chance, elle l’aime.

Peu de temps avant le mariage, elle le découvre avec une autre femme. Tous ses rêves s’effondrent. Malgré les paroles de ses parents qui lui expliquent qu’il se calmera après le mariage, elle refuse de se marier, rompt et quitte sa famille.

Elle décide de vivre sa vie de femme, elle coupe ses cheveux, les teint au henné, et vie la folle vie parisienne de l’époque. Avec des hommes, avec des femmes, elle n’a de compte à rendre qu’à elle-même. Elle ouvre un commerce de décoration intérieure qui très rapidement la rend indépendante financièrement.

Elle met l’homme au rang de reproducteur ou machine à plaisir. Un jour, elle aimera.

Page 155. Toute une saison, sa journée d’intelligent labeur accompli, Monique avait ainsi donné à la danse ses soirées et partie de ses nuits.
Seule, avec des camarades qu’elle s’était faits petit à petit dans les milieux d’art et de théâtre avec lesquels son métier l’avait mise en relation, elle avait tour à tour élu cinq ou six endroits où, à heure fixe, se déchaînait pour elle l’étourdissant vertige.
Elle avait été l’une des mille faces pâmées qui, au son criard des orchestres, sous les  soleils aveuglants de minuit, se trémoussent dans un tourbillon de lumière et de bruit. Elle avait été une de ces pauvres petites apparences humaines agitées, au balancement de l’instinct, par un va-et-vient irrésistible. Vaguelette de l’universelle marée, dont le flux et le reflux ont le même rythme inconscient que l’amour.
A cette incessante représentation de l’acte sexuel, auquel de dérèglement des mœurs convie, dans les music-halls, les dancings, les thés, les salons et jusque dans les restaurants, une foule toujours grandissante, Monique, fatalement avait pris goût. La passion de Niquette et l’espèce d’accoutumance docile avec laquelle elle y avait elle-même répondu, s’était relâchée, insensiblement, au fil des mois.

C’est après avoir lu ce livre que les femmes dans les années 20 ont coupé leurs cheveux « à la garçonne ».

Je vais peut-être me répéter, mais j’ai vraiment été surprise par la modernité du style et des propos. C’est vraiment bien, et on est au cœur des années d’après-guerre, où les femmes ont envie d’être autre chose que des potiches. Toute l’hypocrisie de la haute société est mise à nue dans ce livre. Génial !

Claude

Première page

Monique Lerbier sonna.
- Mariette, dit-elle à la femme de chambre, mon manteau…
- Lequel, mademoiselle ?
- Le bleu. Et mon chapeau neuf.
- Je les apporte à Mademoiselle ?
- Non, préparez-les dans ma chambre.
Seule, Monique soupira. Quelle corvée que cette vente, si elle n’avait pas dû y retrouver Lucien ! On était si bien, dans le petit salon. Elle réappuya sa tête sur les coussins du canapé et  reprit sa rêverie.

La garçonne de Victor Margueritte. Editions petite bibliothèque Payot.

 

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