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De Bloomsbury en passant par Court green...
12 janvier 2020

L’homme qui n’aimait plus les chats d’Isabelle

L’homme qui n’aimait plus les chats
d’Isabelle Aupy

Le narrateur vit sur une île, il y est arrivé car sa femme mourante voulait y  passer ses derniers instants.

Sur cette île, tout le monde se connaît, se parle, passe des moments ensembles, une grande solidarité y existe. Il y a bien le curé et le poète qui se chicanent un peu, mais il n’en reste pas moins que ce dernier va jouer du violon tous les dimanches à la messe du curé. Page 34. Pendant la messe, le poète était toujours planqué sous sa couverture à carreaux orange, un truc horrible qui donnait plus dans la serpillère que dans le duvet. Il y cachait son grand corps tout maigrelet, seul son chapeau débordait. Son chapeau, il ne l’ôtait jamais hors de chez lui, et encore moins devant le Christ. Il voulait bien lui jouer Tchaïkovski au Jésus, mais pas lui faire la politesse. Parfois, on l’entendait même ronfler. Le curé ne disait rien, « soyez miséricordieux seigneur et pardonnez à ceux qui nous ont offensés. N’empêche que lorsqu’il se levait le poète, qu’il dépliait son corps,  personne n’avait l’idée de se moquer. On n’attendait tous que ça. Sa serpillère tenait comme par magie sur ses épaules, il allait se poser devant son lutrin, prenait son violon, ses doigts dépassaient à peine de ses vieilles mitaines : le voilà qui calait son instrument sous le menton. Et quand il jouait, ça  donnait envie de croire en Dieu. Le comble ! Notre anarchiste anti-religon nous menait à l’église plus sûrement que son compère en soutane.

Dans mon île, il y a une multitude de chats, des  chats avec propriétaires, des chats errants, des chats squattant etc.

Une nuit, tous les chats de l’île disparaissent. Page 12. Puis, ils ont disparu, sans qu’on le voie vraiment d’ailleurs… C’est le problème avec les chats, ils sont tellement livres qu’on a mis du temps à remarquer leur absence, ou que leur nombre diminuait doucement. Et puis, ils se ressemblent aussi, alors on a sans doute confondu. Mais, au bout d’un moment, on a commencé à se gratter le haut du crâne.

Peu de temps après, arrivent du continent des gens avec des caisses. Ces agents, voulaient donner à chacun des habitants de l’île un chien. Ceci, en leur disant, que ce n’était pas un chien mais un chat ! Page 44. Le gros Ludo a traîné après lui un jeune boxer tout en muscles et le regard humide. Du coup, on y est allée de nos questions et pour cause, depuis le  potager du curé, on avait eu l’image, mais pas le son. C’est Gwen qui a demandé la première, je crois.

- Eh ! Ludo ! Tu fous quoi avec ce chien ?
- C’est pas un chien qu’ils disent.

- Qu’est-ce-que tu racontes ? Bien sûr que si c’est un chien.
- Ben non. Apparemment, c’est un chat. Même que c’est le professeur qui l’a dit. Ils m’ont montré les papiers et tout, photo à l’appui, toutes les preuves, c’est un chat.
- Non, mais t’as fait bouillir ta cervelle avec tes dormeurs ou quoi ? C’est pas un chat ce machin.
- T’énerve pas Gwen, puisque je te dis que c’est un chat. J’pourrais pas t’expliquer comme eux, mais ils étaient plutôt convaincants. Et puis, ils m’ont dit que j’en avais besoin, que je pourrais plus m’en passer après tellement c’est utile un chat pareil. Ils m’ont même offert la laisse en prime, pour que j’le perde pas.
Gwen était en train de monter dans les tours, ça se voyait rien qu’à sa façon de lever les yeux au ciel, alors le curé a raccompagné Ludo à son restaurant avant même qu’elle puisse l’ouvrir plus pour éviter de corser la situation.

Ceux qui n’en veulent pas s’en voit imposer un. Alors que tout le monde sur l’île se parlait, s’arrêtait pour se saluer, tout d’un coup s’est le regard rivé sur la laisse de leurs « chats » qu’ils se baladent, sans se voir. Le narrateur lui-même commence à être endoctriné… ?!

 

C’est vraiment un conte merveilleux, remplit de personnages drôles, et de situations cocasses. Sous cette impression de  légèreté, se trouve un livre plus grave. Il nous parle de notre monde où on tente de bâillonner la presse indépendante, où la liberté commence à diminuer au profit de la sécurité, où quelques fois, on voudrait nous faire prendre « des vessies pour des lanternes !!! »

Au-delà, des chats, la question a se poser ne serait-elle pas, de se laisser manipuler pour vivre dans la quiétude ou de refuser la laisse et choisir sa vie et ses idées ?!!!!

Claude

Première page
Imagine une île avec des chats.
Des domestiqués, des pantouflards et des errants, qui se baladent un peu partout chez l’un, un peu chez l’autre, pas faciles à apprivoiser, mais qui aiment bien se laisser caresser de temps en temps. Et puis aussi, des qui viennent toujours quand on les appelle, des qui s’échappent la nuit pour funambuler sur les  contre soi.
On ne trouvait pas de chiens sur cette île, enfin si peu que ça ne comptait pas. Ils s’avèrent utiles, mais c’est vrai qu’ils sont contraignants. Faut s’en occuper, les promener, les dresser.

L’homme qui n’aimait plus les chats, d’Isabelle Aupy. Les éditions du Panseur.

 

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Commentaires
C
Bonjour Claude, fort tentant ce roman, la manipulation omniprésente...les chats sauvages qui sont omniprésents sur mon île aussi, malgré les efforts pour stériliser les femelles.<br /> <br /> Bon week-end.
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J
Bonjour Tania, il y a bien longtemps que je n'ai lu "Rhinocéros", mais maintenant que tu le dis, le fond de l'histoire revient un peu au même. C'est vraiment un bon moment de lecture, sans prétention, très sympa et qui à mon sens résume bien notre monde ! À Bientôt Tania. Claude
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T
C'est peut-être sans rapport, mais cela me fait penser à "Rhinocéros" d'Ionesco, la contagion idéologique - mais ceci semble plus léger.
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