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De Bloomsbury en passant par Court green...
18 mars 2020

Les falaisesde Virginie DeChamplain V. vit à

Les falaises
de Virginie DeChamplain

 

V. vit à Montréal. Sa mère vient de mourir, son corps a été rejeté par le Saint-Laurent. Elle rentre en Gaspésie où elle habitait dans leur maison familiale sur les bords du fleuve.

V. a une sœur Anaïs, dite Ana. Sa mère avait une amie proche qui ne l'avait jamais abandonné, Claire. Elle se retrouve dans un premier temps toutes les trois, pour les obsèques. Seule V. souhaite rester pour vider et ranger la maison.

Elle décide de rester seule. Elle veut être seule face aux souvenirs. Par hasard, elle trouve les carnets qu'elle n'a jamais connu. Cette dernière est morte au moment où sa mère venait lui annoncer qu'elle était enceinte d'elle. Page 65. J'AI TROUVÉ DES CAHIERS. Je suis allée voir dans la cave s'il y restait pas quelque chose à jeter. Je suis tombée sur des vieilles boîtes en cartons remplies de cahiers. Leurs couvertures noires comme un antre. Je savais ce que c'était. Ma mère m'en avait parlé une fois. Que sa mère en gardait toujours un sur sa table de chevet,dans sa sacoche sans fond. Elle avait tellement écrit que ses doigts s'étaient durcis comme des racines. Ses doigts plein d'arthrite d'avoir trop écrit ses doigts crispés sur ses Stylos ses doigts de sève qui gèle.

J'ai eu besoin de les ouvrir, de lire les dates dans les coins, les années qui passent en se racontant. Je les ai tous montés. Je les ai placé par terre, en demi cercle autour de mon île. Je voulais les avoir tous devant moi, me trouver en plein centre. Le point d'où l'histoire par et où elle revient.

Je me débouche une bière, la bois devant le plancher couvert des mots de ma grand-mère.

Sa mère Frida, les a, sa sœur et elle emmenées partout dans les quatre coins du monde, vivant de petits boulots, leur faisant l'école entre deux crises de déprime qui les obligeait à rentrer. Elle leur faisait l'école, elle leur apprenait le monde que ce soit en Asie, en Amérique, ou en Europe.

Là, seule dans la maison qui grince, où deux générations de femmes ont déjà vécu en ne pensant qu'à s'enfuir, elle se fait une île. Une île, où elle essaiera de ramener dans son sillage, dans son alignement, sa grand-mère, sa mère et elle-même, toutes trois déchirées par la vie. Une île qui elle l'espère lui permettra de trouver un équilibre qu'elle n'a jamais connu. Peut-être que pour cela, elle devra fuir une dernière fois, comme elles l'ont fait autrefois.

Mais en attendant, la colère gronde du fond de son ventre, le trou se creuse, la tristesse l'envahie, la trahie, la colère s'empare d'elle, de cette vie qu'elle a vécu. Heureusement, elle rencontre Chloé, une jeune femme qui tient le bar du village, qui lui permettra de s'échapper un peu de son île.

 

Les falaises est un premier roman. Au début, j'ai eu du mal avec le vocabulaire québécois, mais je m'y suis vite fait. L'histoire est belle, tout n'est pas dit, on ne tombe pas dans le pathétique mais dans la magie. Il y a juste ce qu'il faut des carnets de la grand-mère, juste ce qu'il faut des quelques mots de la mère. On y constate le manque de dialogue de génération en génération, rien ne change, mais l'amour reste. La quête de V. est très belle, vouloir ramener l'histoire de trois femmes qui n'ont jamais pu être ensemble une seule fois de leur vivant.

J'ai aimé cette maison qui grince, j'ai aimé imaginer les fenêtres ouvertes sur le Saint-Laurent, le vent qui fait gonfler les rideaux, j'ai aimé tout simplement cette maison avec sa chaise à bascule sous le porche.

L'écriture est simple, sympa, les chapitres de deux pages, très bien pour ma convalescence.

 

Claude

 

Première page

JE PENSE QUE JE SUIS BRISÉE.

J'ai l'automne à l'envers. En dedans au lieu d'en dehors. Humide, tiède dans le creux des joues. Du vent qui craque dans la cage thoracique.

C'est octobre.

Ma mère est morte et j'ai pas encore pleuré.

 

Les falaises de Virginie DeChamplain. Éditions LA PEUPLADE.

 

 

Extrait du journal. Page 88

La vie explose à mille kilomètres d'ici et nous sommes prises dans le silence de ta chambre. Tu ne vois rien aller. Tu rêves paisible et j'ai envie de plonger mes ongles dans ta peau douce d'enfant. La vie explose à mille kilomètres d'ici et j'ai envie de participer à quelque chose, d'être là dans la foule, de faire partie du cœur qui vibre et qui cri. De marteler les rues. De peindre sure les murs, de hurler des slogans, de bousculer, de briser tout sur mon passage et de me faire avaler.

La vie est ailleurs. Tellement loin de toi. Loin d'Arthur et de ses mains rugueuses, de sa barbe qui sent la mer. Loin de ton frère ou de ta sœur qui s'accroche dans mon ventre.

Loin des goélands et des cornes de brume dans la nuit.

La vie est ailleurs, mais je suis ici à surveiller tes rêves et j'ai envie de crier. De t'arracher de mes jupes et de te laisser là. De courir vers où la vie et le reste du monde vont.

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