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De Bloomsbury en passant par Court green...
23 février 2024

L'hôtel des oiseaux

L’hôtel des oiseaux
Joyce Maynard

En nous présentant son personnage principal, Joyce Maynard nous entraîne dans le New-York des années 70, puis dans celui des années 90, pour terminer notre voyage en Amérique Latine.

 

En 1970, Joan n’a pas 10 ans, elle vit avec sa mère, une femme très instable. En 1970, elle vit avec un homme appartenant à un groupe de « terroristes amateurs ». Un jour, lors de sa fabrication une bombe artisanale explose, et Joan devient orpheline.

Sa grand-mère, pour la préserver l’emmène loin de New-York, lui fait changer de prénom, elle devient Aurélia, et de vie. Elle peut alors vivre normalement, protégée des journalistes ou tout autre personne voulant en savoir plus sur la mort de sa mère et de sa bande.

Devenue adulte, Aurélia vit un drame effroyable. Pour survivre, elle quitte tout, monte dans un bus sans savoir sa destination. Elle a juste son passeport, pas d’argent, pas de rechange. Elle se retrouve au milieu d’un groupe hétéroclite qui voyage dans le bus pour diverses raisons. Pour elle cela n’a pas d’importance, elle est vide, elle est là sans être là. Le bus passe la frontière mexicaine, puis continue plus loin.

Elle descend dans un petit village, situé près d’un lac au pied d’un volcan. Le paysage est grandiose, les gens semblent accueillants. Alors qu’elle cherche un endroit où se loger, un jeune enfant « guide », la conduit chez Leïla. Elle possède un hôtel de 4 chambres, entouré d’une nature luxuriante.

Leïla est une personne d’un certain âge, évanescente, qui a créé dans cet endroit un jardin incroyable. (Au fil de la progression de ma lecture, j’ai essayé de dessiner le jardin car il y a de très belles descriptions, mais je n’ai jamais eu assez de place sur ma feuille !)

Page 151. Un phénomène se produisait invariablement quand on se rendait à Lago La Paz la première fois. « Comme les premiers jours d’une histoire d’amour. On ne remarque que la beauté. Les oiseaux, les fleurs, les insectes », m’expliqua Leïla.
Je ressentais moi-même ce phénomène, tel un sort magique jeté sur la propriété, aussi enivrant qu’une fleur qui éclot la nuit. Et pas seulement sur la propriété où était situé l’hôtel, mais dans tout le village de La Esperanza : le rire des enfants le long du chemin, les petites filles qui ramassaient du bois pour le fourneau familial, les garçons qui faisaient rouler leur cerceau comme au siècle précédent. Les visages ridés des vieilles femmes qui vendaient du pain à la banane et les jeunes femmes en traje brodé de couleurs vives et sandales en plastique (même sur le terrain de basket), leur ceinture en perles serrée autour de leur taille étroite, leurs cheveux aussi brillants que du cuir verni. Et les bébés, bien sûr. Toujours eux, une fille portait une ceinture bien ajustée et l’année suivante  plus lâche, un châle enroulé autour d’elle (devant si elle allaitait, derrière pour marcher), et on n’apercevait qu’une touffe de cheveux ou même rien du tout.

Leïla ne pose pas de questions à Aurélia, elle l’accepte comme elle est, le temps passe et petit à petit une routine s’installe, elle commence à reprendre des repères.

Dans cet étonnant hôtel se succèdent toutes sortes de gens avec leurs riches histoires de vies, pour une nuit, pour un mois… tout dans cet endroit n’est que plénitude.

Au fil de ses progrès vis-à-vis de la vie, Aurélia se rend compte que l’hôtel est délabré, ce qui ne lui enlève pas la plénitude qu’il dégage. Du jour au lendemain, elle se retrouve seule à gérer le lieu, à le rénover, à chercher des solutions pour le faire fructifier et le sauver. Sauver l’hôtel ou redonner du sens à sa vie, ou les deux ? Le défi est de taille en tout cas.

 

Encore un livre qui nous entraîne dans les tréfonds de l’âme humaine, dans un monde où la nature est plus belle, plus intelligente que l’homme, même si la bonté existe, la haine, la jalousie, et le profit ont une bonne place !  Il met en exergue le poids de la « civilisation », le tourisme, sur la population locale, on y note les changements entre l’arrivée d’Aurélia et la fin du livre. Ce que je vous livre dans ce billet est la ligne directrice du roman, il y a bien entendu des beaucoup d’anecdotes, d’histoires parallèles.

En tout cas, j’ai trouvé cela bien écrit, le roman se lit vite, j’ai aimé me promener dans le jardin, sur le bord du lac, lire les discussions avec Leïla… et suivre la vie de cette femme a su tout quitter pour ne pas sombrer et à laisser faire la vie.

Claude

 

Première page

Une chose sur les temps difficiles

 

J’avais vingt-sept ans quand j’ai décidé de sauter du Golden Gate Bridge. L’après-midi j’avais une vie merveilleuse et, une demi-heure plus tard, je ne voulais plus que mourir.

J’ai pris un taxi. Je suis arrivée près du pont juste après le coucher du soleil. Il se dressait dans le brouillard avec cette magnifique teinte rouge que j’adorais, quand je m’intéressais encore à la couleur des choses et des ponts, lorsque je les traversais. À l’époque où je m’intéressais à tant de choses qui me semblaient à présent dénuées de sens.

Avant de quitter pour la dernière fois mon appartement, j’avais fourré un billet de cent dollars dans ma poche. Je l’ai donné au chauffeur. Attendre la monnaie était inutile.

Il y avait des touristes, bien sûr. Des voitures circulant dans les deux sens. Des parents avec leurs enfants dans des poussettes. J’avais été comme eux.

Un bateau passait sous le pont. De là où je me trouvais, me préparant à sauter, je l’ai regardé s’engager entre les piles. Des hommes lavaient le pont du bateau. Plus rien n’avait de sens.

L’hôtel des oiseaux, de Joyce Maynard, traduit l’anglais (États-Unis) par Florence Lévy-Paoloni. Éditions Philippe Rey.

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Commentaires
J
oh oui, il est parfois dur, mais merveilleux à la fois.
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T
Le roman paraît douloureux et lumineux à la fois, je note ce titre.
Répondre
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