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De Bloomsbury en passant par Court green...
24 octobre 2012

Histoires de fantômes

Histoires de fantômes
d’Henry James
 

Ce livre rassemble deux histoires : « sir Edmund Orme » et « Un coin plaisant ».

Dans la première, une femme voit le fantôme d’un ancien fiancé, suicidé jadis, en raison de son refus de l’épouser. Son trouble est remarqué par un des prétendants de sa fille, elle se confie à lui. Peu de temps après, il voit « Sir Edmund Orme ».

Ce qui est remarquable dans cette nouvelle, c’est que nous sommes pris dans une hésitation sans issus. En effet, nous voyons l’apparition avec le narrateur, et, en même temps nous avons du mal à nous permettre d’y croire.

Première page

Il semble avoir écrit cette relation -dont le fragment n'est d'ailleurs pas daté - longtemps après la mort de sa femme qui est, je le suppose, l'une des personnes mentionnées. Néanmoins rien, dans l'étrange histoire, ne permet d'établir ce point, au demeurant peut-être à présent négligeable. Quand je pris possession de ses effets je trouvai ces pages dans un tiroir, sous clef, parmi des papiers retraçant la trop brève carrière de la malheureuse dame, morte en couches un an après son mariage : lettres, memoranda, comptes, photo­graphies fanées, cartes d'invitation. C'est là le seul lien que je puisse établir. Vous pourriez donc facile­ment - et n'y manquerez pas, sans doute - le juger trop extravagant pour constituer une base tangible. Je ne saurais, j'en conviens, affirmer qu'il avait l'in­tention de relater un événement réel -je ne puis que garantir la véracité générale de ce document. En tout cas, il l'avait rédigé pour lui-même, non pour les autres. Je l'offre aux autres - ayant toute latitude de le faire - en raison même de sa singularité. Quant à la forme, on voudra bien se rappeler qu'il écrivait pour lui seul. Je n'ai rien changé que les noms.

Dans la seconde histoire, un homme, Spencer Brydon, revient en Amérique après 33 ans d’absence. Son retour s’accompagne d’un grand questionnement : quel homme aurait-il été s’il était resté ? Effectivement, en voyant New York avec toute son évolution architecturale il se découvre des dons d’architecte, de constructeur dont il ne s’est jamais servi. Il a préféré partir pour l’Europe… « S’il était resté, il serait devenu millionnaire… » Peu à peu cela l’obsède, non pas qu’il regrette de ne pas être millionnaire, mais plutôt le fait qu’il aurait pu faire quelque chose d’autre de sa vie.

Alors, il décide de découvrir qu’elle était l’essence même de sa vie. Il retourne nuit après nuit dans la maison de ses ancêtres pour essayer de cerner au mieux ce qu’il est. Un soir, il découvre une porte fermée, là où il l’avait laissé ouverte… En l’ouvrant, il découvre alors l’autre…

Première page
« Tout le monde me demande ce que je pense de tout, dit Spencer Brydon, et je réponds comme je peux, en semblant approuver, ou, en éludant la ques­tion, je berne les gens avec la première baliverne venue. Au fond, cela leur serait indifférent, poursui­vit-il, car même si l'on pouvait répondre à brûle-pourpoint à une demande aussi stupide sur un aussi vaste sujet, mes pensées continueraient à graviter autour de quelque chose qui me concerne seul. » Il parlait à Miss Staverton, avec qui, depuis deux mois, il avait saisi toutes les occasions possibles de causer. En fait,' cette tendance et cette ressource, ce réconfort et ce soutien, dans la situation actuelle, avaient assez vite pris la première place, parmi la somme consi­dérable des surprises assez brusques qui l'attendaient à son retour en Amérique si étrangement différé. Tout lui était en quelque sorte une surprise, et c'était peut-être naturel quand on avait si longtemps tout négligé, et avec tant de persévérance, en s'efforçant d'accorder aux surprises une aussi grande marge de jeu. Il leur avait laissé plus de trente ans - trente-trois, pour être précis, et à présent elles lui semblaient s'organiser tout à fait à l'échelle de cette licence. Il avait vingt-trois ans à son départ de New York, il en comptait cinquante-six aujourd'hui, à moins de cal­culer comme il s'y sentait parfois enclin depuis son retour dans sa patrie, auquel cas il aurait vécu plus longtemps qu'il n'est souvent donné à un homme de vivre.

Henry James nous hypnotise dans ces deux nouvelles, toute son habilité d’écrivain nous emmène là où il le veut, comme d’habitude…

Claude

Sans titre - 3

 

 

 

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Commentaires
J
Bonsoir Allie, j'ai bien aimé les deux, leurs thèmes sont différents, aussi intéressant l'un comme l'autre, et puis toujours aussi bien écrit !!! Je crois toutefois que dans le même genre mon histoire préférée reste encore "la tour d'écrou". J'avais adoré !!!<br /> <br /> à bientôt<br /> <br /> Claude
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A
C'est un ouvrage que j'ai noté il y a longtemps, mais que je n'ai toujours pas lu. Je suis contente que tu en parles (si bien). Merci! :)
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