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De Bloomsbury en passant par Court green...
21 août 2023

Une fin heureuse

 Une fin heureuse
de Maren Uthaug

Quel livre étrange… par moment un peu dérangeant, et en même temps je n’ai pas pu m’arrêter une fois que je l’ai commencé !

Pour résumer l’histoire le plus simplement possible. Nicolas est un jeune veuf, père de deux enfants très difficiles, et à pour mère une personne acariâtre. Il est le dernier d’une dynastie de croque-morts. Pour l’instant tout va assez bien. Il faut également dire qu’il est le fruit d’une lignée de personnages plus étranges les uns des autres. 7 générations de personnages rocambolesques travaillant avec et pour les morts.

Au fil des pages, l’auteure essaie de nous faire comprendre pourquoi Nicolas est tel qu’il est en nous faisant découvrir sa lignée sur 7 générations. En alternant avec les ancêtres, elle nous mène de plus en plus précisément dans les problèmes et obsessions du dernier de la lignée.

Ainsi, nous commençons par découvrir Christian Ier qui échoue lors d’un naufrage sur une île bien spéciale, où il épousera Corail, qui a des dons bien spéciaux eux aussi. Une île me direz-vous, le paradis ! Mais derrière chaque paradis il y a un hic… et Christian Ier du nom, se donnera une tâche bien difficile mais venue du cœur : accompagner les bébés dans la mort. Et voilà les premiers pas de la dynastie franchir le travail avec les morts ! Page 22. Il fallut un certain temps avant que Christian I ne prenne conscience que la moitié des ventres de femmes rebondis qu’il voyait sur l’île ne donnaient pas d’enfants. Que les mères, au lieu de mettre leur nourrisson au sein le couchaient le visage contre terre pour qu’il s’étouffe. Certaines lui remplissaient d’herbe les narines et la bouche, de manière à ce que la vie ait plus vite fait de s’enfuir. On jetait ensuite le petit corps inerte dans un trou que l’on recouvrait d’une épaisse couche de terre. Personne ne pleurait, personne ne chantait. Dans sa foi fraîchement retrouvée, Christian I était consterné que les Tikopiens ne voient dans les nouveau-nés que des êtres humains en puissance, et que les éliminer revienne à interrompre un accouplement.

Tradition, qui fera fuir Christian II de son île pour sauver une vie. Après maintes aventures, il se retrouvera à Copenhague, se servira de son savoir « funéraire », saura étudier les habitudes des danois, et à force de travail ouvrira sa propre maison funéraire. Page 46. Sur l’océan, les nuits étaient froides et les journées torrides. Christian II recueillait dans l’écuelle destinée aux appâts les quelques gouttes de pluie qui tombaient, mais ce n’était pas assez. La gorge lui brûlait, sa langue enflait, il avait du mal à penser à autre chose qu’à étancher sa soif. L’eau, la seule chose qu’il puisse voir, était aussi la seule à lui manquer. Une situation absurde que nous pouvons trouver drôle, nous qui n’avons jamais souffert de la soif en pleine mer.

Son fils, Christian III, fit évoluer son commerce vers l’incinération, qui prit du recul par rapport à son père, vit son intérêt à faire évoluer le « commerce ».  Les mœurs évoluent, et de plus en plus de personnes veulent être incinérées, ce qui arrange bien Christian III. Son fils Christian IV sera l’incompris, enfin, cela n’engage que moi. Il avait la particularité de voir et de pouvoir parler aux défunts. Sa famille et les gens en général l’ont toujours pris pour un marginal qui parlait tout seul, sauf que ce n’était pas le cas, toute sa vie il a été accompagné, a connu l’amour… oui oui…. Page199. Christian IV n’était pas comme les autres Christian. Son originalité donnait dans un genre très différent. Par exemple, il prétendait se souvenir de sa propre naissance. Et avant cela, d’avoir entendu le cœur de sa mère battre au même rythme que le sien, et la voix paternelle résonner à travers un édredon de liquide amniotique. Il se remémorait ce qu’il avait ressenti quand le ventre qui l’abritait avait commencé à se contracter, l’insoutenable angoisse qui s’était emparée de son âme encore immature, et comment il avait soudain compris que sa mère avait l’intention de l’expulser.

Son fils Christian V est obsédé par l’ordre, les calculs, il est veuf et vit seul avec sa fille Lone Helle, qui se fera appeler Nana. C’est en fait la mère de Nicolas. C’est une femme acariâtre, qui ne vit que pour son travail et son amie.

Nicolas qui est « l’héritier » de cette lignée en subit les conséquences, dans sa propre différence, et dans celles de ses enfants ! Quand il en prend vraiment conscience, il décide d’agir, de frapper un grand coup !  Pour pouvoir le faire, il a besoin de se raconter, car cette histoire n’a jamais été écrite mais transmise oralement. Il se demande si une dynastie qui ne vit que de morts depuis des siècles peut avoir une fin heureuse ?

Je ne connaissais pas du tout Maren Uthaug, elle nous entraîne dans une saga en la ponctuant d’humour noir et de provocations, et heureusement, car il y a des moments un peu difficiles. C’et un livre que j’ai lu en très peu de temps, une fois partie, j’ai eu du mal à m’arrêter. Il faut noter aussi, qu’à chaque génération, l’auteure note l’arbre généalogique, ce qui aide par moment.

Claude

Première page

C’est en 1986 que le contact d’une peau froide m’a fait vibrer pour la première fois. J’avais fêté mes quatorze ans deux semaines plus tôt et n’avais encore jamais envisagé ce genre de choses. J’ai vite compris que c’était un vice que je porterais seul. À qui pourrais-je me confier ? Et si je m’y risquais, comment exprimer mon désir sans passer pour l’être le plus ignoble de cette planète ? Contrairement à beaucoup de déviants, moi et les gens de mon espèce n’avons pas de communauté. Il n’y a pas de bistro ni boîte de nuit qui nous sont réservés, ni thérapie de groupe où nous pourrions nous errer les coudes face à toutes nos difficultés. Évidemment, c’est parce que c’est interdit. Mais ça a beau être interdit, c’est un fait.
Internet nous a facilité la vie, et pourtant je n’aime pas m’en servir. Je dois bien admettre qu’il m’est arrivé plus d’une fois de m’asseoir derrière mon écran, enfermé dans ma chambre, mais à chaque fois, j’ai été envahi d’un tel sentiment de honte que j ai eu du mal à finir ma journée normalement.

Une fin heureuse de maren Uthaug, traduit du danois par Françoise et Marina Heide. Éditions Gallmeister.

      

une fin heureuse

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Commentaires
J
Bonjour Colo, merci beaucoup de prendre de mes nouvelles. Oui, je vais bien mieux, j'ai retrouvé ma concentration et tout et tout... et ils ont trouvé le médicament qui m'évitera toutes ces mésaventures et ces souffrances, lorsque ma hanche droite fera plus mal, car elle est jalouse maintenant !!!! <br /> <br /> En ce qui concerne le livre, oui, il est un peu hors du temps, ça fait du bien aussi, même si Nicolas a des goûts peu ragoûtant !!! à tout bientôt
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C
Un roman qui sort visiblement des sentiers battus, étrange dis-tu, alors ça vaut la peine de le découvrir!!!<br /> <br /> Merci, c'est noté. <br /> <br /> J'espère que tu vas de mieux en mieux.
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