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De Bloomsbury en passant par Court green...
31 décembre 2021

Gioconda de Nikos Kokantzis Sur la quatrième de

Gioconda
de Nikos Kokantzis

 

Sur la quatrième de couverture de ce livre, il y a plusieurs avis et commentaires qui disent tous : « on N’OUBLIE PAS CE PETIT LIVRE ! » Éh bien, moi, je vais vous dire, non, on n’oublie pas ce GRAND LIVRE, c’est un bijou de délicatesse, il m’a énormément ému. Je l’ai lu il y a quelques semaines et il est toujours dans mon cœur. Je l’ai d’ailleurs offert à deux personnes pour noël.

« Gioconda » nous entraîne dans la Grèce de la seconde guerre mondiale. Deux adolescents découvrent les premiers émois de l’amour, avec ses maladresses, toute sa tendresse et ses découvertes. Pages 27. « Je suis désolée de ce qui s’est passé hier, désolée de ce que tu dois ressentir en ce moment. Mais si tu crois que je suis fâchée, que je ne veux plus de toi, tu te trompes. Tu entends ? » Et elle continua. Elle me fit, face à la mer qui nous souriait joyeusement, qu’elle ne s’était jamais souciée de Rudi, qu’elle ne pensait qu’à moi, mais qu’elle ne savait pas ce que moi je pensais d’elle. Il y avait des moments où elle croyait que je l’aimais et alors la lumière était plus brillante, puis venaient d’autres périodes où l’accablait l’idée qu’elle n’était rien de particulier pour moi, et alors il faisait froid. Elle pensait à moi le jour et la nuit, ne sachant pas ce qu’il lui arrivait, tantôt remplie d’une joie infinie, tantôt brisée de chagrin. Elle me disait tout cela à sa façon, tendrement, tranquillement, à mi-voix. Et tandis que je l’écoutais les mouettes dansaient, les barques se frôlaient, tout chantait en moi, une impression étrange, vertigineuse. Jamais je n’aurais cru, Gioconda bien-aimée, mon cœur près d’éclater, je croyais m’évanouir.

Mais les allemands sont là, Nikos sait que Gioconda qui est juive est en danger. Page 35. Puis vint le temps où quelqu’un me fit entrer, moi aussi, dans la Résistance. Tout cela était très sérieux, même si, âgé d’à peine quinze ans, je n’eus rien à faire de vraiment difficile ou dangereux : le peu que nous avons fait alors, les autres jeunes de mon âge et moi, fut suffisant pour nous mettre en face de dangers plus grands que ceux courus par les gens d’aujourd’hui. Car les Allemands étaient là, et si l’on se faisait prendre, il n’y avait pas d’âge qui tint. Malgré tout, ils s’aiment, d’un amour qui dépasse tout. Page 36. Et au milieu de tout cela, notre amour. Il croissait et nous enveloppait.

Cette histoire est une histoire vraie, Nikos est l’auteur, LE NIKOS qui pendant l’occupation a aimé et fut aimé de Gioconda d’un amour total. Mais, elle fut déportée avec sa famille et est décédée en 1943 à Auschwitch.
Nikos Kokantzis a écrit ce livre en 1975, jusque là, il n’avait jamais voulu parler de ce qu’il avait vécu avec Gioconda, puis, il s’est dit que s’il mourait, elle mourrait une seconde fois. Page 97. Tout fut vécu si intensément alors – le bonheur de l’amour et le malheur de la guerre se renforçant l’un l’autre- que cette réalité si nettement gravée dans la mémoire du narrateur tourne plus d’une fois, comme dans la scène du bombardement, à la fantasmagorie.

Ce merveilleux livre termine très bien cette année 2021 où j’ai été assez peu présente sur mon ordinateur personnel, le professionnel me prenant tellement mon temps !!!

Claude

Première page
Ceci est une histoire vraie.
Hier, une fois de plus, j’ai vu en rêve mon ancien quartier. Rêve la nuit, cauchemar le jour, quand on voit ce qu’ils en ont fait. Moi, au moins, je l’ai connu du temps de sa beauté. J’ai eu la grande chance de naître et grandir là-bas, j’y ai vécu la guerre, l’Occupation,  puis quelques années encore.

À l’époque, avant-guerre, dans des quartiers comme le nôtre, les gens vivaient dans des maisons et non dans des « résidences » ; il y avait des jardins et des fleurs, mais pas de voitures ; chaque saison avait encore son parfum, et le silence de la nuit n’était troublé que par l’aboiement d’un chien, le chant d’un coq avant le jour, les grenouilles dans la citerne du voisin l’été, le laitier du matin et les premiers bavardages des ménagères – par tout cela, et tant d’autres choses.

Il y avait alors là-bas une maison pauvre, devenue très importante pour moi. Elle était basse, allongée, avec un toit pentu de vieilles tuiles ; une treille courait sur la moitié de la façade et au-dessus de la porte.


Gioconda de Nikos Kokantzis, traduit du grec par Michel Volkovitch. Éditions de l’aube.

 

fdd

 

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