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De Bloomsbury en passant par Court green...
10 février 2022

Personnages secondaires

Personnages secondaires
de Joyce Johnson

 

Joyce Johnson a 20 ans quand elle rencontre Jack Kerouac. Elle est issue d’une famille bourgeoise, et se destine à travailler dans l’éditions. En attendant de trouver du travail, elle fait des petits travaux de secrétariat, et surtout elle écrit son premier roman.

Nous sommes dans les années 1950, on commence à parler de la Beat Génération. Pages 12. « La seule chose que nous ayons à craindre est la peur elle-même » fut le slogan le plus célèbre de la Seconde Guerre mondiale. Mais ce fut après la guerre, dans les années cinquante, que la peur enveloppa l’Amérique – peur de la Bombe, peur des communistes, peur de déchoir, peur du moindre changement du Statu quo, peur de la déviance et de toute différence. La famille nucléaire américaine se referma sur elle-même et tenta de laisser le monde à sa porte. C’était une époque de mesquinerie nationale et, pour les jeunes gens comme moi, de fadeur oppressante. Nous avions l’impression d’avoir raté quelque chose, d’être nés trop tard. Ce qu’on nous avait volé, c’étaient l’énergie et le courage de la jeunesse. C’était une époque où l’on prenait encore les livres au sérieux, où un écrivain pouvait bel et bien changer les choses. En 1957, Allen Ginsberg et Jack Kerouac semblaient venir de nulle part, même s’ils écrivaient leur poésie et leur fiction de manière souterraine depuis le début des années cinquante. Simplement, personne jusque-là n’avait osé les publier. Ils donnaient voix à l’inquiétude et au mécontentement spirituel que beaucoup ressentaient sans être capable de les articler. Des mots, des rythmes obsédants, irrésistibles, énonçaient tout à coup le désir puissant d’une vie plus libre. Les écrivains beat trouvèrent un public si mûr que leur impact fut immédiat.

Kerouac, Neal Cassidy, Allen Ginsberg, William S. Burrough, Lucien Carr etc. Nous les connaissons tous, mais que sait-on de Joyce Johnson, Elise Cowen, joanne Kyger et tant d’autres femmes. La guerre était terminée depuis peu, de nouvelles peurs envahissaient l’Amérique.

Il faut dire que la Beat Génération, est un mouvement un peu macho. Les femmes bien sûr peuvent exercer leurs arts, participer aux soirées, mais quand le repas est fait, les enfants couchés, ici, je schématise un peu, mais un tout petit peu.

Joyce Johnson dans ce livre, nous décrit parfaitement l’époque, dresse des portraits très vivants et profonds de ses protagonistes, elle témoigne à travers ses expériences de leurs vies, sans embellir, sans jugement, juste sa vie, celle de ses amies, et amis.

Elle a rencontré Jack Kerouac lors d’un rendez-vous arrangé par Allen Ginsberg. Leur histoire a duré deux ans. Page 182. « Salut. C’est Jack. Allen m’a dit que vous étiez très gentille. Accepteriez-vous de me rejoindre au Howard Johnson de la 8e rue ? Je suis au comptoir. Je suis brun et je porte une chemise à carreaux rouges et noirs ». Debout dans la cuisine d’Élise, je tiens le téléphone qu’Allen vient de me passer. C’est un samedi soir, peu après le Nouvel An. « D’accord », dis-je.

Commence alors deux années de passion. Elle l’accueillera chez elle à chacun de ses séjours à New-York, pour lui, elle mettra à chaque fois l’écriture de son roman entre parenthèses, elle le soutiendra, croira sans faillir en lui, et l’aimera de tout son être.

Dans un premier temps le rythme du livre nous permet de découvrir Joyce, puis Jack. C’est un beau voyage au cœur de la beat génération, qui remet un peu les choses à leur place. Un témoignage indispensable à mon avis. C’est un très beau livre.

Claude

Première page

Le cliché figure aujourd’hui dans un livre. Quatre jeunes gens sur le campus de l’université de Columbia par une journée de 1945. Peut-être au début du printemps, car trois d’entre eux ont ouvert le col de leur manteau, et les arbres de l’arrière-plan sont dénudés. Ce sont des adolescents, à vrai dire.

À mesure que je vieillis, les personnages de la photo rajeunissent. Ils sont habillés dans le style guindé de l’époque. Ils sont habillés dans le style guindé de l’époque, et semblent tout à fait innocents. Cheveux courts et manteaux longs. Burroughs porte même un chapeau melon noir, qui lui donne des airs de banquiers anglais – déguisement mûrement réfléchi. Il paraît s’absenter derrière son personnage. Hal Chase, que je n’ai jamais rencontré – et qui les présentera tous à Neal Cassady -, évoque l’esprit fort capable de sauver n’importe quelle situation par une boutade. Allen Ginsberg, incarne la gaucherie et les souffrances de l’adolescence. Il a fermé les yeux, comme si toute cette mise en scène constituait une intrusion intolérable dans sa vie privée. Et au centre, il y a Jack Kerouac. Sans pardessus, portant un simple costume élimé dans lequel ses épaules de footballeur célèbres sont à l’étroit, une cravate voyante nouée de travers.

Personnages secondaires, de Joyce Johnson, traduit de l’américain par Brice Matthieussent. Éditions Cambourakis.

Capture d’écran personnages secondaires

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Commentaires
J
Bonjour Colo et Tania, ha oui alors, c'est très intéressant, et le point de vue d'une femme apporte beaucoup. à bientôt !
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T
Très tentant, merci, je le note tout de suite. Bonne soirée, Claude.
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C
Très tenant ce livre comme tu le présentes. <br /> <br /> Je me rends compte que je sais peu de cette Beat generation, c'est noté, merci!<br /> <br /> Bon dimanche, relax si possible.
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De Bloomsbury en passant par Court green...
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