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De Bloomsbury en passant par Court green...
5 avril 2022

un rêve

Le rêve
de Forough Farrokhzad

 

Me voici dans ma solitude froide
Et les souvenirs d’un passé éloigné,
les souvenir d’un amour égaré
dans une tombe avec douleur et regret.

Sur les ruines de mon espoir,
la main d’un magicien
alluma une chandelle.
Un mort dans une tombe
fixa ses yeux brûlants sur moi.

Je gémis : « Ô malheur ! C’est lui. »
Son regard remplit mon cœur de peur.
Un sourire traversa ses lèvres :
« Ô femme capricieuse, me connais-tu ? »

Mon cœur trembla d’une tristesse extrême.
Malheur à moi, j’étais folle.
Malheur à moi, je l’ai tué.
J’étais si étrangère à lui !

Il me confia son cœur, mais
que lui apporta mon amour sauf la douleur ?
Avec une arrogance qui m’aveugla,
je piétinai son cœur.

Je le fis souffrir.
Je le rendis misérable.
Malheur à moi ! Mon Dieu, mon Dieu !
Je le poussai dans les bras d’une tombe.

Un soupir retentit dans le silence de mes lèvres.
La flamme de la chandelle trembla d’ivresse.
Je vis dans le noir
une larme couler de ses yeux.

Je courus telle une enfant repentie
pour me jeter à ses pieds,
pour lui dire que j’étais folle
et pour lui demander pardon.

Je renversai la chandelle.
Ses yeux plongèrent dans le noir.
Je suppliai : « ne pars pas, attends ! »
Mais il partit sans dire un mot.

Malheur à moi ! J’étais folle.
Je le rendis misérable.
Malheur à moi ! C’est moi qui le tuai.
Je le poussais dans les bras d’une tombe.

 

Forough Farrokhzad, Téhéran, juillet 1954.

 

Poème extrait de : Œuvre poétique complète de Forough Farrokhzad, préface de Christian Jambet, traduits du persan par Jalal Alavinia. Éditions LETTRES PERSANNES.

  

Capture d’écran 2022-04-05 150114

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