Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
De Bloomsbury en passant par Court green...
10 mai 2023

L'homme qui murmurait à l'oreille des éléphants

L’homme qui murmurait à l’oreille des éléphants
De Lawrence Anthony et Graham Spence

Il y a des moments où on lit des livres d’une telle intensité qu’on a besoin de s’aérer un peu la tête, d’aller vers des univers moins connus. Pour ma part, je me dirige souvent vers le genre policier dans ces moments-là. Il y a quelque temps, ça m’est arrivé. Je n’arrivais pas à me décider. Je me suis souvenue, qu’il y a quelques années un ami m’avait parlé de « L’homme qui murmurait à l’oreille des éléphants », de cet enivrant bol d’air qu’il avait ressenti. Le moment était venu pour moi, et j’en suis très heureuse, j’ai été complètement absorbée par cet extraordinaire témoignage de vie.

Depuis la publication du livre, Lawrence Anthony est décédé, c’est son épouse qui poursuit son travail. Ils étaient avec sa femme, de fervents défenseurs de la nature, ils vivaient en Afrique et étaient propriétaire de sa propre réserve.

Un jour on lui a proposé un troupeau d’éléphants sauvages traumatisés devenus dangereux pour les villages. Dans un premier temps, il a hésité, imaginant les risques que cela pourrait entraîner. Mais, en apprenant que s’il ne les prenait pas, les seuls autres intéressés étaient des chasseurs avec peu de scrupules.

Le voilà donc propriétaire d’éléphants sauvages et traumatisés par l’homme. Commence alors la construction d’un enclos spécial pour l’arrivée des animaux, en attendant qu’ils soient remis en liberté dans la réserve. Et tout ceci dans un temps record. Après quelques déboires, tout fut prêt pour les accueillir, mais ce n’est pas pour cela que les choses se simplifièrent. Page 89. Chaque jour se ressemblait. Au lever du soleil, le troupeau se mettait inlassablement à faire les cent pas le long de la clôture. Lorsque nous osions nous approcher, il se tournait vers nous et nous chargeait systématiquement, ne s’arrêtant que devant le câble électrique. Je n’avais encore jamais vu une telle frénésie chez des animaux. C’était de l’agressivité à l’état pur, et lorsque nous revenions sur nos pas pour les observer à distance, ils continuaient à nous lancer des regards furieux.

Lawrence Anthony décide que « ses » éléphants resteraient sauvages, et qu’il serait le seul à les approcher pour que peu à peu ils s’habituent à lui et oublient leurs traumatismes. Pour cela, il doit se faire accepter par la mère dominante, et n’est jamais en sécurité, il en sera grandement récompensé. Pages 210-211. C’est alors que je la vis. Elle était immobile, au-delà de la route accidentée et poussiéreuse. Elle me regardait, peu disposée à me rejoindre. Cest étrange, pensais-je. Elle vient toujours me voir, d’habitude. Elle hésita pendant un long moment entre s’avancer et repartir, incertaine de la décision à prendre. Puis, je compris pourquoi. À ses côtés se trouvait un éléphant miniature, parfaitement formé, mesurant à peine un mètre. Il était sans doute âgé de quelques jours. Comme je l’avais supposé, elle venait de mettre son petit au monde. J’étais en face du premier éléphant né dans la région depuis plus d’un siècle.

Ce livre est une magnifique histoire d’amour, il m’a enchanté, nous avons tant à apprendre des animaux, et de ces gens qui risquent leurs vies pour sauver les leurs. Page 305. Les Koudous me rappelaient qu’il fallait être constamment sur ses gardes. La faune sauvage est toujours en alerte, prête à prendre la fuite. La vie des animaux n’est qu’éternelle vigilance, scrutant le moindre détail pour en estimer la dangerosité. Une façon de savoir où être et où ne pas être. Cette analyse instinctive et ininterrompue de l’information est cruciale pour leur survie.

À ma prochaine panne de livre, je lirai cette histoire relatée par Françoise Malby-Anthony, son épouse : « Un éléphant dans ma cuisine ».

Claude

Première page

PROLOGUE

1999. En acceptant d’accueillir un troupeau d’éléphants traumatisés dans ma réserve, je ne me doutais pas qu’ils allaient m’entraîner dans de folles aventures. Je n’avais aucune idée du défi que cela représenterait et à quel point ma vie en serait enrichie.

L’aventure fut à la fois physique et spirituelle. Physique, parce qu’il y a eu de l’action dès la première minute, et spirituelle, car ces géants de la planète m’ont emporté dans les profondeurs de leur monde.

Malgré le titre de ce livre, je n’en suis pas le protagoniste. Je ne prétends pas avoir d’aptitudes particulières. Le véritable sujet, ce sont les éléphants. Ce sont eux qui ont murmuré à mon oreille et qui m’ont appris à écouter.

L’histoire relate mon expérience personnelle. Je suis un défenseur de la nature, pas un scientifique. Lorsque je décris la façon dont les éléphants réagissent en ma présence, et inversement, c’est simplement ce que j’ai observé au cours de cette expérience. Cela n’a rien à voir avec les études ou les expérimentations sur les animaux. Cependant, après plusieurs tentatives et un certain nombre d’erreurs, j’ai fini par découvrir ce qui fonctionnait le mieux, pour moi et mon troupeau, au cours de cette odyssée commune.

L’homme qui murmurait à l’oreille des éléphants, de Lawrence Anthony et Graham Spence, traduit par Noëlle Septier-Saugout. Éditions Guy Trédaniel.

l'homme éléphant

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Ha oui alors, c'est un superbe témoignage, plein d'intelligence... à bientôt Tania. Claude
Répondre
T
Superbe - quelles émotions !
Répondre
De Bloomsbury en passant par Court green...
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité