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De Bloomsbury en passant par Court green...
26 août 2023

Lucifer

Lucifer
de Connie Palmen

Ce livre, j’ai cru que je ne le finirai jamais ! Non pas que je ne l’aimais pas, car si cela avait été le cas, il ne serait pas sur mon blog, mais parce que je l’avais commencé deux jours avant mon opération et que je n’ai pu le reprendre que 3 mois après ! J’ai rarement eu des moments où je n’étais pas capable de lire, et je vous confirme que c’est atroce !!! Mais bon, tout cela est derrière moi, et je l’ai enfin fini, et lu quelques-uns depuis cet incident

De Connie Palmen j’avais lu « Ton histoire, mon histoire » et « Tout à vous », j’avais tout aimé. Elle est malheureusement pu traduite en France.

Mon billet sera assez succinct car il y a un moment que je l’ai fini, mais je tiens à vous le présenter, il décrit un monde particulier.

Lucifer, nous emmène dans les milieux « intellectuels », « artistiques », du début des années 1980, à Amsterdam.

Une jeune romancière à la recherche d’un sujet de roman, lit par hasard un faire-part de décès qui l’intrigue. Elle décide donc, quelques décennies plus tard de retrouver la famille, les ami(es) de cette femme, Clara Wevers, actrice, mannequin, tombée d’un muret en Grèce sous les yeux de son mari en 1981.

Nous allons rentrer dans ce « monde » des « peoples »… Nous découvrons des protagonistes de l’histoire, leurs excès, leurs caractères, leurs caprices, leurs travaux, leurs façons de penser et de vivre. La vie nocturne Amstellodamoise est fort bien présentée, pour ma part, je crois qu’elle est la même dans toute l’Europe lorsque l’argent et le milieu laissent à penser aux gens qu’ils sont supérieurs aux autres et qu’ils peuvent tout se permettre, penser et juger ! sont-ils plus heureux ? L’illusion suffit-elle ?...

La jeune romancière, rencontre donc dans un premier temps, les amis-es de Clara et Lucas Loos. Page 15. Certaines personnes sont capables d’embrasser d’un seul regard leur environnement, mais ce n’est pas mon cas. Il me faut d’abord surmonter ma timidité et la légère aversion que suscitent en moi les rencontres inopinées pour pouvoir donner suite à l’appel du monde et me lancer dans son sillage. En proie à cette contradiction-là, je dus, pour traverser la rue, fixer du regard l’homme dont la main levée m’appelait.
C’est ainsi que le 26 juillet 2006, je me dirigeai vers ce petit groupe.
J’ignorais à ce moment-là que je mettais le cap sur mon histoire et que là, sur une terrasse amstellodamoise, débutait la quête qui allait me tenir en haleine une année entière. Qui m’emmènerait le long des abîmes d’un mariage mouvementé et d’une époque qui ne l’étais pas moins. En quête du sens d’une phrase isolée dans un faire-part de décès et de la démesure d’un art qui parvient à faire croire même un athée à l’existence de Dieu : la musique
« Mettre le cap sur une histoire » est d’ailleurs une expression trompeuse ; comme si une histoire se trouvait par terre, toute prête, pour qui voudra la ramasser. Les histoires sont fabriquées, et c’est ce qui les rend si intéressantes. Tout ce qui est fabriqué trahit son auteur.

Le roman se joue en plusieurs actes. Tout d’abord, la jeune romancière rencontre le groupe qui était proche du couple, chacun parlera de sa relation avec eux, chacun a sa façon d’interpréter et de se souvenir. Clara était mannequin, et Lucas compositeur. Puis, ils raconteront de quelles manières ils avaient appris la mort tragique de Clara, leurs incompréhensions, leurs interprétations, l’étrange réaction de Lucas… Page 21. La question de Thomas est beaucoup plus intéressante, c’est une question qui nous tient à cœur à tous, dans des métiers où tout tourne autour de la séduction. La question à l’ordre du jour est celle de savoir s’il y a une différence entre un menteur et un fabulateur, et si oui, laquelle ?
- Le génie, dit Thomas entre ses dents.
- Est-ce que Lucas Loos a tué sa femme ce fameux soir ? Sa femme s’est-elle suicidée ce soir-là ? S’agit-il d’un tragique accident ? Dans tous les cas, Lucas a-t-il menti ou a-t-il affabulé ?
- Ou dit la vérité ? compléta l’artiste, têtu.
- Pourquoi faut-il que l’hypothèse la moins intéressante vienne de toi ? » dit Mica en faisant la moue.
Bien que le Prince dût se contenir pour ne pas éclater de rire, il vint  pour la deuxième fois à la rescousse de son ami.
- Mica, Mica, bien que tu voues une  passion au mensonge et à la tromperie, au drame et au théâtre, tu n’aimes pas les gens qui mentent et qui trompent, les acteurs, les fats emplis de théâtralité qu’une amibe que tu es mariée avec lui.
- Mais j’adore le théâtre, mon métier. C’est la plus beau métier qui soit !

Je vous laisse découvrir les personnages, c’est intéressant, drôle et pitoyable à la fois. Ils sont plus caricaturaux les uns des autres, mais bien réels pourtant, l’histoire est très bien construite, on ressent l’atmosphère, les tensions, les sous-entendus, les amitiés réelles ou non, on imagine aisément ce monde superficiel dans lequel les joueurs oublient qu’ils sont de simples êtres humains.        

« Connie Palmen excelle à recréer les portraits psychologiques de ces nombreux personnages ; elle fait vivre ici, outre le couple infernal Lucas-Clara, toute la société intellectuelle des années 1980, car ce drame bien réel et ici revisité hante encore aujourd’hui l’imaginaire d’Amsterdam. Amour, narcissisme, fragilité et séduction, crime ou autodestruction sont autant de motifs de ce livre choral dans lequel la virtuosité du roman se conjugue avec la puissance d’une tragédie.

 C’est tout un voyage dans le temps, dans un monde et dans les comportements de chacun.
Claude

Première page
Il y a vingt-quatre ans, j’ai lu une phrase dans le journal. Cette histoire parle de cette phrase, ou plutôt de la quête de sa signification. Si elle s’était trouvée au milieu d’autres phrases, dans une critique de théâtre ou même dans un essai sur une quelconque star, elle ne m’aurait pas poursuivie pendant vingt-quatre ans. À coup sûr, dès la première lecture, elle aurait été dépouillée de son mystère par les phrases qui l’auraient accompagnée, donnant un contour à sa signification en fournissant une interprétation qui exclue les autres. Mais ce n’était pas le cas. C’était une phrase isolée. Cela dit, c’est son contexte qui lui conférait ce caractère énigmatique qui fait qu’elle ne m’a plus jamais lâchée.
Elle s’inscrivait dans un cadre noir.
Elle se trouvait en haut d’un faire-part de décès dans le journal.
Ce sont les vivants qui font part de la mort aux vivants. Pour la rendre publique, ils s’enferment provisoirement à l’intérieur du cadre d’un faire-part de décès en compagnie d’un mort. Le nom de l’homme à qui, durant l’été 1981, échut la lourde tâche de devoir annoncer la mort de sa femme était alors connu de tout un chacun dans le monde de l’art. La phrase dans son cadre, associée à  un nom auquel plusieurs histoires donnaient une couleur particulière, fut tirée l’été 2055 du long sommeil de la mémoire.

Lucifer, de Connie Palmen, traduit du néerlandais par Davide Goldberg. Éditions Actes Sud.

 

 

lucifer

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Commentaires
T
Oui, c'était bien cela. Voici le lien :<br /> <br /> http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2023/08/06/recits-de-gospodinov-3346391.html
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J
Bonsoir Tania, était-ce l'alphabet des femmes des Gospodinov ? car j'en ai chroniqué 3. T'a-t-il plus ?<br /> <br /> là, je suis en train de peaufiner trois jolis romans et quelques nouvelles découvertes en poésie, je suis en vacances, alors ça devrait se faire, car pendant le travail, je me donne à fond, et le soir, il n'y a plus personne.... à tout bientôt, et merci de continuer à me suivre malgré mes silences.<br /> <br /> Claude
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T
L'été 2055 !? Peut-être cette balade à Amsterdam un jour ? J'ai fini par lire le Gospodinov dont tu avais parlé il y a 9 ans, le temps s'étire...
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J
Bonjour Colo, oui, c'est à découvrir. Mon préféré reste ton histoire mon histoire, livre sur la vie de sylvia Plath et Ted Hughes. Connie Palmen est peu connue en France, c'est un ami berlinois qui me l'a fait découvrir. À tout bientôt Colo. Claude
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C
C'est noté, Je ne connais ni l'auteure no le monde dont il est question donc une découverte qui me tente fort.<br /> <br /> Merci.
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