Deux poèmes de Guy Goffette
Été
de Guy Goffette
Dévore, feu, beau feu aux langues de démones
tous ces papiers, ces livres, ces lettres mortes,
et de vieil homme plein de rancœur et plein
de nuit, dévore-le
avec le mauvais drame de sa vie, cette vieille
partition à une seule main sur la scène du cœur
tandis que l’autre dans la coulisse bat le vide,
cherchant quoi ? un amour
qui ne ferme pas à clef les battants
de l’horizon, mais porte plus haut que nous
ses flammes dans le soir qui s’étire : amour
qui te ressemble feu,
mais comme une pierre dans la paume de midi.
Chantier de l’élégie
de Guy Goffette
IV
Mais la mort a passé sa main lourde
dans la chevelure des étés
et le dernier soleil a fait une torche
devant nous des oripeaux de tilleul,
éclaboussant de pourpre et d’or
le jardin fermé de notre amour
et nos yeux d’habitude, puis la brume
est venue, et tes larmes, et l’hiver
accrochant aux barbelés de l’horizon
la robe du premier bal, la robe
sans couture et la promesse non tenue
de changer l’eau des jours en vin,
de changer l’eau, chaque jour,
et la soif, et la mer,
l’amer visage du monde,
chaque jour
- en vain.
Le pêcheur d’eau de Guy Goffette, Poésie Gallimard.
Merci à Marc (http://www.frenchpeterpan.com) pour avoir fait un billet sur le livre « Presqu’elle s» de Guy Goffette, ce qui m’a fait ouvrir ce petit recueil. D’ailleurs Marc, je n’ai pas lu « Presqu’elles », j’ai fait une erreur, je t’ai raconté n’importe quoi ;o) désolée.
Claude