Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier
Comme à chaque fois que je lis Vesaas, j’ai ensuite envie de nature… Alors je suis partie pour l’Ontario.
Il pleuvait des oiseaux
de Jocelyne Saucier
L’histoire est celle de trois octogénaires, de deux hommes d’une trentaine d’années, d’une jeune et d’une vieille femme.
Trois octogénaires vivent isolés au plus profond d’une forêt canadienne. Chacun d’eux a décidé à un moment donné de sa vie de tout quitter. Chacun a sa cabane, ils vivent à quelques distances les uns des autres, ni trop près, ni trop loin, et se retrouvent tous les jours.
Près de là vivent deux hommes plus jeunes. L’un tient un hôtel où personne ne vient jamais et l’autre cultive de la marijuana. Tous les deux s’occupent des trois plus âgés, font les courses, coupent le bois etc. Tous les cinq vivent en parfaite harmonie.
Puis arrivent successivement deux femmes. La première est une jeune photographe à la recherche des derniers témoins des grands feux qui ont ravagé la région au début du XXe. Feux si dévastateurs que des centaines de personnes avaient péri et comme s’en souvenait une témoin, il faisait tellement chaud qu’ « il pleuvait des oiseaux ». page 99. La petite vieille était une survivante du Grand Feu de Matheson. Elle lui avait parlé d'un ciel noir comme la nuit et des oiseaux qui tombaient comme des mouches.
Il pleuvait des oiseaux, lui avait-elle dit. Quand le vent s'est levé et qu'il a couvert le ciel d'un dôme de fumée noire, l'air s'est raréfié, c'était irrespirable de chaleur et de fumée, autant pour nous que pour les oiseaux et ils tombaient en pluie à nos pieds.
La conversation s'était promenée au gré de leurs pensées. Les chênes de savane qui peuplent le High Park, le printemps encore timide, les bruits de la ville qui les atteignaient par moments, encore les Grands Feux, les papiers gras dans les allées du parc, la civilité qui se perd, et à nouveau les Grands Feux.
Quand les flammes ont atteint le ciel, avait-elle dit, c'était comme si nous nagions au fond d'une mer de feu.
Des images que la photographe avait enregistrées dans sa mémoire.
Arrive ensuite Marie Desneige, un être éblouissant, éthéré qui a à peu près l’âge des octogénaires.
Avec ces arrivées qui avait été précédé d’un grand départ, la vie de chacun va s’en trouvé changé. Seule la nature reste la même.
C’est un très beau roman, il se déguste, il est drôle et grave à la fois.
Claude
Première page
Où il sera question de grands disparus, d'un pacte de mort qui donne son sel à la vie, du puissant appel de la forêt et de l'amour qui donne aussi son prix à la vie. L'histoire est peu probable, niais puisqu'il y a eu des témoins, il ne faut pas refuser d'y croire. On se priverait de ces ailleurs improbables qui donnent asile à des êtres uniques.
L'histoire est celle de trois vieillards qui ont choisi de disparaître en forêt. Trois êtres épris de liberté.
— La liberté, c'est de choisir sa vie.
— Et sa mort.
C'est ce que Tom et Charlie diront à leur visiteuse. À eux deux, ils font presque deux siècles. Tom, quatre-vingt-six ans et Charlie, trois de plus. Ils se croient capables de bien des années encore.
Le troisième ne parle plus. Il vient de mourir. Mort et enterré, dira Charlie à la visiteuse qui refusera de le croire tellement le chemin a été long pour parvenir à ce Boychuck, Ted ou Ed ou Edward, la versatilité du prénom de cet homme et l'inconsistance de son destin hanteront tout le récit.
La visiteuse est photographe et n’a pas encore de nom.
Et l’amour ? Éh bien, il faudra attendre pour l’amour.
Il pleuvait des oiseaux, de Jocelyne Saucier. Éd. Folio.